Zakaria: «Servette, YB, Gladbach, la Suisse… Tout va si vite»
À 20 ans, le Genevois a déjà tout d'un grand. Rencontre avec un joueur qui garde les pieds sur terre après sa brillante prestation à Belfast. Et avant le match retour, dimanche à Bâle (18h).

Vertige de la mise en abyme. Il y a trois ans jour pour jour, Denis Zakaria effectuait sa première apparition avec l'équipe A du Servette FC. C'était un 10 novembre à la Pontaise, les Grenat avaient battu Lausanne 3-1 et Kevin Cooper avait lancé dans le bain un jeune gamin de 17 ans en qui il ne croyait pas vraiment. «C'était durant les dernières secondes du match, sourit Zakaria. Je m'en souviens bien: je n'avais même pas touché le ballon…» Trois ans plus tard, il est à Belfast, titulaire pour la première fois avec l'équipe de Suisse, dans un match de barrage aller qu'il a éclaboussé de son précoce talent. Solaire. Solide. Présent comme si c'était normal. Fulgurance de la trajectoire.
Comme Akanji, voire d'autres encore, le Genevois représente l'avenir d'une équipe de Suisse très jeune. Il fêtera ses 21 ans le 20 novembre, mais il en est conscient. Tout comme ses coéquipiers. C'est en raison de la blessure de Valon Behrami que Denis Zakaria a joué au Windsor Park. Mais à mesurer le potentiel du jeune homme, son parcours et ce qu'il est déjà capable d'apporter, nul doute que Vladimir Petkovic va avoir des problèmes de riche. L'expérimenté Behrami le sait déjà: c'est son successeur qui était sur le terrain aux côtés de Xhaka, pour une paire qui rayonnera ensemble pour longtemps, sous peu.
«Oui, un jeune qui joue un barrage comme ça, en étant solide, en ne commettant pas d'erreur, c'est beau, soulignait Behrami. On voit tous les progrès qu'il a accomplis ces deux dernières années. C'est le futur de cette équipe de Suisse. Et en plus, c'est vraiment un type génial.» L'hommage du «patron» a valeur d'adoubement. Mais comment Denis lui-même vit-il tout cela?
Denis, qu'aurait répondu le jeune Zakaria d'il y a trois ans, qui venait à peine de jouer quelques secondes avec Servette, si on lui avait dit qu'il se retrouverait aujourd'hui titulaire au Borussia Mönchengladbach et avec la Suisse en barrage?
Il aurait clairement rétorqué que c'était tout simplement impossible! Mais je suis évidemment très heureux de tout ce qui m'est arrivé depuis…
Justement, mesurez-vous ce chemin parcouru?
Oui, bien sûr. J'ai travaillé dur pour en arriver là, mais honnêtement: Servette, YB, Gladbach, la Suisse… Tout va si vite! C'est fou. J'ai un peu l'impression de vivre un rêve. Je le voulais tellement…
Mais vous n'étiez pas le seul à espérer réussir une carrière?
Je ne sais pas comment le dire, mais j'ai toujours pensé que c'était possible. Je me le suis toujours martelé. Je voyais aussi qu'à partir d'un moment, cela ne se passait pas trop mal pour moi dans les équipes juniors du Servette FC. Alors j'ai bossé encore plus pour y arriver. J'ai eu de la chance et je suis très heureux, bien sûr, de tout ce qui m'arrive.
Et comment fait-on pour garder la tête froide quand tout s'enchaîne si parfaitement et si rapidement?
Ce n'est pas compliqué en fait. Je crois que j'ai la chance d'avoir une famille qui m'a très bien éduqué et pour qui je suis toujours le même garçon qu'avant tout ça. D'ailleurs, chez mes proches, tout le monde me parle encore comme si j'étais toujours le petit gamin du Servette FC. Alors c'est simple de garder les pieds sur terre. Et puis j'ai encore beaucoup de choses à apprendre.
Avez-vous eu une petite part d'appréhension quand vous avez appris que vous seriez titulaire contre l'Irlande du Nord?
Tout de même un petit peu, oui. Jouer pour son pays, ce n'est pas exactement la même chose qu'en club. Davantage encore lorsqu'il s'agit d'un match de barrage.
Qui vous a aidé ou conseillé?
Valon Behrami. Il m'a averti, a souligné que cela serait compliqué contre cette équipe compacte. Et que dans ces conditions, il fallait que je me concentre sur certains fondamentaux: jouer simple, être présent avec la bonne agressivité dans les duels. Pendant la mi-temps nous avons à nouveau beaucoup parlé ensemble. Ses conseils m'ont beaucoup aidé.
Il reste encore 90 minutes contre cette Irlande du Nord, dimanche, à Bâle cette fois: comment les envisagez-vous?
Il faut aborder ce match retour en se disant qu'il y a toujours 0-0 au total. Et gagner aussi ce deuxième match. Je sais que ce penalty à Belfast a été assez généreux. Mais quand on te fait un cadeau, il te faut l'accepter, non? À Bâle, nous devrons faire attention et jouer pour gagner, comme nous le faisons toujours. Nous en avons largement les moyens.
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Et maintenant, valider le ticket pour le Mondial
Tous les voyants sont au vert. Au sortir d'un match aller qu'elle a copieusement dominé et qu'elle a mérité de remporter, la Suisse a toutes les cartes en main pour porter l'estocade dimanche soir. Et valider logiquement son ticket pour le Mondial 2018. Évidemment, quitter Belfast sans avoir trouvé le chemin des filets autrement que grâce à un penalty cadeau pourrait inviter à la prudence. Sauf qu'en réalité, la différence de potentiel entre cette frustre Irlande du Nord et les hommes de Petkovic est telle qu'on voit mal comment la Suisse pourrait se prendre les pieds dans le tapis.
La supériorité collective et individuelle
Dans tous les secteurs de jeu, la Suisse est largement supérieure aux Nord-Irlandais. C'était criant à Belfast jeudi soir, cela le sera aussi à Bâle dimanche. Derrière, même dans ces duels aériens que les Suisses semblaient redouter, il n'y a pas eu photo. Et quand Akanji ou Schär n'étaient pas à la réception, Zakaria surgissait. Au milieu? À lui tout seul, Xhaka a réussi plus de passes dans le camp nord-irlandais que tous les joueurs d'O'Neill dans la moitié de terrain suisse! Devant? On peut forcément regretter le manque d'efficacité, ou de précision lors du dernier ou avant-dernier geste, c'est vrai. Mais la Suisse s'est ménagé des chances. Qu'elle devra concrétiser à Bâle pour s'éviter toute frayeur.
La chance helvétique
A Belfast, tout a souri aux Suisses. Fabian Schär aurait pu écoper d'un carton rouge dès la 5e minute pour avoir «découpé» Dallas. Et puis il y a eu ce penalty cadeau. Les internationaux helvétiques ne peuvent que profiter de ce coup de pouce: c'est bien connu, on ne tourne pas le dos à la chance… Il suffit de ne pas perdre.
Le scénario catastrophe?
Il existe, c'est sûr. C'est un coup franc, une longue touche ou un centre improbable avec un pied nord-irlandais qui surgit de nulle part pour tromper Sommer. À 0-1, tout serait à refaire et une part de crispation gagnerait peut-être le clan helvétique, avec des adversaires alors regroupés en défense pour à nouveau spéculer. Ou attendre les tirs au but. Mais franchement, si la Suisse devait s'égarer pareillement face à une Irlande du Nord qui arrive à peine à aligner trois passes consécutives, mériterait-elle d'aller au Mondial? D.V.
Suisse - Irlande du Nord
L'équipe de Suisse probable: Sommer; Lichtsteiner, Schär, Akanji, Rodriguez; Zakaria, Xhaka; Shaqiri, Frei, Zuber; Seferovic.
Coup d'envoi au Parc Saint-Jacques dimanche à 18 heures
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