VoileYannick Bestaven vainqueur du Vendée Globe
Yannick Bestaven a franchi la ligne en troisième position dans la nuit, mais il a été déclaré vainqueur grâce à la compensation de temps dont il bénéficiait. Boris Herrmann, qui a percuté un chalutier mercredi, est arrivé en fin de matinée ce jeudi. Il termine quatrième.
Cinquième, puis troisième puis premier en l’espace de quelques heures: Yannick Bestaven a vécu une fin de course de folie pour remporter le Vendée Globe 2020-2021, jeudi dans la nuit noire des Sables-d’Olonne, après 80 jours en mer.
La neuvième édition de la course autour du monde en solitaire s’est jouée dans les toutes dernières heures, dans un scénario inédit, qui s’est en plus fendu d’un coup de théâtre de dernière minute. Tout a démarré mercredi à 20h35 quand Charlie Dalin (Apivia) a franchi le premier la ligne d’arrivée au large des Sables-d’Olonne, entouré d’une armada de bateaux qui scintillaient de rouge, vert et bleu.
Le marin normand de 36 ans, qui a occupé la tête du classement durant plus de soixante pour cent du parcours à bord de son bateau volant dernière génération, n’a pourtant pas été désigné vainqueur du Vendée Globe 2020. Pour cela, il devait attendre que deux autres concurrents, l’Allemand Boris Herrmann (SeaExplorer-Yacht Club de Monaco), alors troisième, et Bestaven (Maître Coq IV), cinquième, aient eux aussi coupé la ligne.
Boris Herrmann quatrième final
En effet, ces deux skippers avaient dans leur poche des compensations de temps pour avoir aidé au sauvetage d’un concurrent naufragé, Kevin Escoffier, le 30 novembre. Ces bonifications – six heures pour Herrmann, dix heures et quinze minutes pour Bestaven -, ne pouvaient être prises en compte qu’une fois la ligne franchie.
Mais à peine une demi-heure après l’arrivée de Dalin, Herrmann, qui pouvait accrocher la victoire, est entré en collision avec un bateau de pêche, à 160 km de la ligne. C’en était fini pour le navigateur allemand, qui a terminé son périple au ralenti. Il a franchi la ligne en cinquième position ce jeudi un peu avant 11h20. Sa compensation de temps lui a permis de dépasser Thomas Ruyant au classement final pour 22 minutes et 16 secondes!
Herrmann, qui a bouclé son tour du monde en 80 jours 14 heures 59 minutes et 45 secondes, se classe donc à la quatrième place finale de ce Vendée Globe, Ruyant devant se contenter du cinquième rang.
Quant à Bestaven, un Rochelais de 48 ans, il a bouclé son tour du monde environ huit heures après Dalin, ce qui n’excédait pas son bonus. Il pouvait crier victoire!
Que du bonus
Le navigateur remporte la neuvième édition, qu’il a menée durant presque un mois avant de se faire remonter par une horde après le passage du cap Horn. Il a été accueilli par un feu d’artifice, à défaut du public dont la présence a été interdite en raison de la pandémie de Covid-19.
«C’est vraiment tout à fait normal que les coureurs qui se soient déroutés aient bénéficié de bonifications», avait estimé Dalin à son arrivée. «Ce qui est sûr c’est que pour l’instant j’ai franchi la ligne d’arrivée en tête et ça c’est génial, ça c’est top. Les ‘line honours’ comme disent les Anglais, les honneurs de la ligne, ils sont pour moi et puis après, le reste ce ne sera que du bonus en fonction de ce qui se passe», avait-il relativisé avant de remonter le chenal animé par une haie d’honneur de 300 bénévoles, masqués et distants.
Quatre heures après Dalin, Louis Burton (Bureau Vallée 2) a terminé à son tour son périple, en deuxième position pour être classé troisième au final. «C’est un grand bonheur, une grosse fierté d’être dans les premiers à couper cette ligne d’arrivée. (C’est) sept jours de moins qu’il y a quatre ans (ndlr: lorsqu’il avait terminé 7e), 75 jours de plus qu’il y a huit ans puisque j’avais abandonné au bout de cinq jours», a-t-il rappelé.
Huit abandons
Thomas Ruyant (LinkedOut) est arrivé en quatrième position juste avant 6 heures. Plus tard, entre 12h et 13h jeudi, Damien Seguin (Groupe Apicil) – premier marin handisport à faire le Vendée Globe – devrait faire son entrée aux Sables-d’Olonne. Mais il pourrait être devancé après coup au classement par Jean Le Cam (Yes We Cam!).
Le sexagénaire est celui qui a réussi à sauver Escoffier dans des conditions de mer dantesques et pour cela, il a bénéficié de 16 heures et 15 minutes de compensation. Il devrait arriver en héros dans la soirée de jeudi. Ce serait donc huit bateaux arrivés en une journée. Du jamais vu! Sur les 33 marins ayant pris le départ le 8 novembre, huit ont abandonné.
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