Xiongan, le nouveau Pékin qui excite les Chinois
Le gouvernement veut ériger une cité annexe à Pékin, destinée à soulager la capitale de ses maux. Un chantier de titan.

Comment désengorger Pékin, ville de 22 millions d'habitants qui souffre des embouteillages, de pollution chronique de l'air, de spéculation immobilière et de l'épuisement de ses ressources? Début avril, les autorités chinoises annonçaient un plan radical: elles entendent construire une annexe à la capitale, 100 km plus au sud, pour y déménager notamment des pans entiers de l'administration publique et encourager de grandes entreprises à y déménager.
La zone, appelée Nouvelle Aire de Xiongan, se veut une zone économique spéciale, à l'instar de Pudong à Shanghai, et une ville laboratoire de développement urbain, optimisant le rapport entre activités économiques et densité de population. C'est aussi là que battrait le cœur de l'innovation chinoise. La construction de cette métropole modèle, grande comme trois fois New York et portée par le président Xi Jinping, devrait représenter quelque 573 milliards de francs suisses d‘investissements ces deux prochaines décennies.
«C'est un nouveau chapitre pour la transition historique du pays vers une croissance coordonnée, inclusive et durable», écrivait Xinhua, la plus grande agence de presse chinoise, au lendemain de l'annonce. Depuis, les médias officiels relaient les bienfaits de la cité du futur et l'engouement qu'elle suscite déjà. «La nouvelle zone est une enseigne en lettres d'or», témoigne Guo Yonghong. Ce directeur général d'une entreprise de vêtements déjà installée dans la zone dit avoir reçu ces dernières semaines des centaines d'appels téléphoniques de personnes en recherche de partenariat. Selon Xinhua, la zone voit ainsi affluer des personnes qui viennent prendre des photos, échanger des informations et rechercher des opportunités d'affaires. L'intérêt est tel que les autorités ont récemment interdit les transactions immobilières, craignant un emballement spéculatif, soit précisément l'un des maux dont souffre Pékin.
«C'est un nouveau chapitre pour la transition historique du pays vers une croissance coordonnée, inclusive et durable»Xinhua, la plus grande agence de presse chinoise
La «ville idéale» parviendra-t-elle à ses objectifs? Alors que les autorités insistent sur l'écologie, le joli tableau a déjà été noirci par quelques révélations embarrassantes. Une ONG chinoise, Liangjiang Huanbao, publiait le 18 avril un rapport faisant état d'une inquiétante pollution des sols dans la région. L'équivalent de 42 terrains de football d'eaux usées a été déversé sans traitement dans la périphérie d'une petite ville toute proche de la Nouvelle Aire de Xiongan. Des photos aériennes montrent des champs entièrement recouverts d'une eau brunâtre, contaminée à l'acide sulfurique. Le gouvernement a reconnu la pollution, connue depuis 2013, et a admis que l'assainissement de la zone serait long et coûteux.
La province de Hebei, où est sis le projet de la cité modèle, est de manière générale l'une des plus polluées (air, sols, eaux) du pays, selon le magazine The Diplomat, qui cite des sources chinoises. La pollution chronique de l'air de la capitale est d'ailleurs largement attribuée à une pollution qui dépasse la région urbaine pékinoise, soit à l'activité de toute la région. La ville viendra-t-elle simplement ajouter à cette intense activité? L'un des défis résidera dans la capacité ou non de Xiongan d'agir comme un pôle de transfert des activités de Pékin. Par le passé, d'autres villes chinoises érigées de manière totalement artificielle se sont transformées en villes fantôme. A la différence qu'elles ne bénéficiaient sans doute pas du même engouement présidentiel.
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