Cressy-ConfignonVingt-six arbres sont menacés par un parking privé
Le Tribunal fédéral a refusé le recours lancé par les défenseurs des arbres à Confignon. Antonio Hodgers estime qu’un «happy end» est encore possible.

Or, si les défenseurs des arbres ne sont pas opposés à cette construction «ne comportant aucun logement social», soulignent-ils néanmoins, ils fustigent le parking souterrain qui ne se borne pas au sous-sol de l’immeuble mais nécessite de raser la petite forêt pour y couler une dalle de béton. Cette dernière serait «végétalisée», soit recouverte de terre où seront plantés quelques arbres en guise de compensation. «Cinq arbres seront plantés dans une terre épaisse de 15 cm, et trois dans un terreau de 1,5 mètre. Imaginez la taille de ces nouveaux arbres. Rien à voir avec ceux que l’on perdra, dont deux sont centenaires.»
«Le PLQ d’origine (ndlr: datant de 1995) nous convenait parfaitement: il s’agissait d’un immeuble de 14 logements, et il permettait de ne pas toucher au petit bois. Maintenant, il s’agit de 21 logements pour 30 places de parking, et le projet immobilier a plus que doublé en surface. Or, le TF a bien reconnu que le PLQ n’était pas respecté, mais a estimé que ces dérogations faisaient partie des prérogatives de l’État, à savoir du Département du territoire (DT) dirigé par M. Hodgers. J’en suis tombée de ma chaise», expose Aude Bourdier, l’habitante jouxtant la forêt.
Les deux associations ont envoyé ce mardi après-midi une lettre «au Conseil d’État, aux députés du Grand Conseil qui avaient voté favorablement au maintien de la forêt en mars 2021 et aux habitants de Confignon par le biais d’un tous-ménages» (en papier). Sur la missive, les demandes suivantes: que l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature soit indépendant du DT et que la loi générale sur les zones de développement soit revue pour éviter les dérogations «toujours en faveur des promoteurs». Ainsi qu’une idée nouvelle: que la Commune, le Canton et d’éventuelles fondations rachètent la parcelle en question et y créent un centre d’arts.
Hodgers «entièrement d’accord» avec les défenseurs
Contacté, le conseiller d’État Vert en charge du DT Antonio Hodgers explique: «Sur le fond, je suis entièrement d’accord avec les recourants: abattre des arbres pour construire des parkings souterrains, c’est absurde. Avec mon collègue Serge Dal Busco, nous avons d’ailleurs fait en sorte que les nouveaux parkings souterrains ne puissent pas déborder du périmètre de l’immeuble. Aussi, l’ancien ratio 1,5 place de parking pour 1 logement est dépassé. À présent, c’est 0,8 place pour 1 logement. Ce qui est dommage dans cette affaire, c’est qu’après avoir perdu en deuxième instance, les défenseurs des arbres ont préféré aller au TF plutôt que de dialoguer avec les promoteurs, ce que je les avais invités à faire. Or, maintenant qu’ils ont perdu, l’affaire ne dépend que de la bonne volonté des promoteurs, qui ont l’aval de la justice.»
Mais Antonio Hodgers affirme que ces derniers ne seraient pas contre l’idée de revoir les plans du parking, pour réduire le nombre de places et ainsi limiter l’abattage des arbres. «Un happy end n’est pas impossible. Ils se sont déjà engagés à ne pas démarrer le chantier tout de suite.» La suite dépend, selon lui, de la «qualité du dialogue entre les défenseurs des arbres et les promoteurs».
Marianne Grosjean est journaliste à la rubrique Genève spécialisée dans les enjeux de société. Auparavant, elle s’est occupée pendant 4 ans de la critique littéraire. Elle a reçu une distinction au Swiss Press awards 2019 catégorie online, pour le longform itinérant “Compostelle prend deux ailes”.
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