Valls vote Macron, le PS va-t-il survivre?
La parenthèse ouverte par François Mitterrand est-elle en train de se refermer dans l'esclandre. Le PS français est-il, oui ou non, socio-démocrate... Analyse.

Manuel Valls a officialisé mercredi son soutien à Emmanuel Macron. L'ex-premier ministre de François Hollande, candidat malheureux à la primaire de la gauche, ne respecte donc pas sa parole de soutenir le vainqueur: Benoît Hamon.
«Il ne faut prendre aucun risque pour la République. Donc je voterai pour Emmanuel Macron. Je prends mes responsabilités», argumente Manuel Valls soulignant que Marine Le Pen est en mesure de l'emporter et que ni le champion du PS Benoît Hamon ni celui des Républicains François Fillon ne sont des votes utiles face à la menace frontiste.
Les réactions sont vives au sein du PS. Benoît Hamon et ses équipes de campagne crient à la trahison et au déshonneur. Et demandent à la direction du PS de prendre des mesures et notamment d'exclure les élus qui soutiendraient Emmanuel Macron. Mais la direction du PS reste étonnamment passive dans ce qui ressemble de plus en plus à une débandade pour le vainqueur de sa primaire. En effet, plusieurs ténors du parti – dont l'ex-maire de Paris Bertrand Delanoë et surtout le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian – ont déjà exprimé leur préférence pour le candidat d'En marche! Dans ces conditions, même la mort du PS est évoquée. De fait, c'est une vieille querelle jamais réglée qui refait surface à l'occasion de cette surprenante campagne 2017.
Le conflit entre socialistes et sociaux-démocrates date en effet de 1983 lorsque François Mitterrand au pouvoir depuis deux ans se résout à prendre le tournant de la rigueur. Il abandonna les principes d'une économie régulée par l'Etat pour épouser celle de l'économie de marché.
Mais François Mitterrand met en avant cette option comme une parenthèse le temps de retrouver une croissance qui permette à l'état providence de retrouver la vigueur nécessaire à l'ambition du programme socialiste. Jamais le PS français ne verbalisa avoir réalisé un «Bad Godesberg», comme l'avait fait le SPD allemand lors de son congrès de 1959 qui l'avait vu abandonner les références marxistes.
Depuis lors, de Michel Rocard à Lionel Jospin, en passant par le chantre de la synthèse François Hollande, les ténors de la gauche française se sont toujours escrimés à ne pas lever l'ambiguïté. Et tout fait pour garder sous la bannière une aile droite et une aile gauche du PS qui ne partage quasi plus aucune valeur, si ce n'est le souvenir de la grandeur de François Mitterrand.
En effet, cette ambivalence marque l'action socialiste de ces dernières décennies. Elle se retrouve dans l'actuel quinquennat de François Hollande qui se conclut par la déception d'un président qui, aux yeux de nombreux militants socialistes, n'a pas appliqué le programme politique qui l'avait porté au pouvoir. Du coup, lors des primaires, le frondeur Benoît Hamon a été élu avec un discours mettant en exergue la «vraie gauche» contre la trahison du président en exercice. Une situation intenable pour une grande partie de l'appareil du PS, loyale au président, qui entendait défendre son bilan. Manuel Valls a parlé il y a quelques mois de «deux gauches irréconciliables».
Emmanuel Macron a lui créé un mouvement politique qui a vu une partie de cet électorat social démocrate quitter le PS pour le rejoindre. De toute évidence, il est temps que le PS français clarifie ses positions.
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