Seule en scèneValérie Mauriac rend la mort fun
Dans son nouveau spectacle, l’humoriste genevoise imagine une cérémonie d’adieu désopilante.

«Parler de la mort, ça n’a jamais fait mourir», lui disait sa grand-mère maternelle. Valérie Mauriac en a pris de la graine. Pour son septième one-woman-show, la voici qui se présente en robe noire de pasteure, l’air contrit de circonstance, sur l’air du «Stabat Mater» de Rossini. On enterre quelqu’un? Oui, l’oncle Rodolphe, 103 ans, un fieffé gaillard qui n’avait pas que le côlon irritable. La cérémonie se déroule prétendument à la cathédrale Saint-Pierre. En fait, dans la petite salle des 4 Coins, bondée. Des larmes vont couler… de rire.
Car ce dernier adieu ne va pas se dérouler comme prévu. Pour le laïus consolateur, Valérie Mauriac a été pêcher du côté de saint Matthieu, mais aussi chez saint Patrick Sébastien. Des jeux de mots qui fusent, une écriture piquante, des personnages bien incarnés, impossible de rester de marbre durant ces «FUN-érailles» désopilantes. Un spectacle irrévérencieux, entrecoupé par de faux spots publicitaires et rythmé par des chansons appropriées («Partir», de Julien Clerc, «On ira tous au paradis», de Michel Polnareff ou «Partir un jour», des 2Be3).
«Faut pas pousser papy dans les hosties!»
De Karl Lagerfeld à la reine d’Angleterre en passant par des proches qui ont choisi le forfait «funérailles premium basic plus» (sic) pour cet hommage au défunt, tous vont y aller de leur homélie plus ou moins vacharde. Après tout, comme le relève une des petites-filles du disparu: «Faut pas pousser papy dans les hosties!»

«Avec le Covid et tout ce qui se passe dans le monde, je me suis dit que c’était le moment de désacraliser la mort», explique Valérie Mauriac, croisée au terme d’une première très applaudie mardi soir. Le déclic pour ce spectacle coécrit avec le metteur en scène et comédien Septival, l’humoriste genevoise l’a eu en assistant à un enterrement où la parole apparaissait singulièrement libérée. «Pour autant, je n’étais pas sûre d’arriver à faire rire en évoquant la vieillesse, le chagrin, la spiritualité ou la tolérance», confesse l’intéressée.
Pouffer de tout
Convaincue qu’il faut pouffer de tout, cette grande brune aux yeux bleus qui se définit volontiers comme «humourienne» - plaisante contraction entre humoriste et comédienne - a surpassé sa crainte initiale de déplaire. Longtemps décortiqueuse du quotidien, elle a notamment brocardé dans ses précédents spectacles le trafic en ville, les pistes cyclables et l’aménagement de la place Cornavin. Autant de sujets désormais abordés en pointillé au cours de ces «FUN-érailles» plus sociétales, qui font participer le public.
Entonnés en chœur, ces chants d’église farfelus ne sont pas du goût de celui qui voit tout et entend tout. Oui, Dieu en personne se fait entendre au cours de ce show sans blasphème. La classe…
«FUN-érailles», Valérie Mauriac, jusqu’au 8 octobre à 20 h, Les 4 Coins, 44, rue de Carouge
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