Union européenne: la Suisse doit être ferme
La France de Jean Monnet s'interroge sur l'avenir de l'Union européenne, ce club jacobin de 27 membres dominé par deux d'entre eux, ennemis d'antan devenus complices par opportunité. L'Allemagne représente la force économique, la France y impose sa philosophie universelle. Les erreurs de parcours en ont jalonné l'histoire: l'inobservation des clauses du Traité de Maastricht par les plus puissants et leur application rigoureuse aux autres; la tentative avortée d'une Constitution et son remplacement par un traité (celui de Lisbonne) reprenant les clauses, sans consultation populaire; l'élargissement précipité et mal préparé de l'UE, révélateur d'une course à la grandeur déraisonnable dans son concept comme ensuite dans son exécution.
Le malaise est aussi causé par une administration tatillonne et coûteuse vilipendant des sommes vertigineuses pour imposer des normes souvent peu utiles et parfois incompréhensibles. Tout cela a abouti aux difficultés aujourd'hui dénoncées. La sagesse et la prudence traditionnelles des Suisses leur ont évité une adhésion pourtant fortement soutenue par certains. Ce fut une chance, si l'on songe qu'elle aurait marqué la fin de notre organisation sociale, juridique et politique. La fin d'un système fréquemment (je suis tenté de dire universellement) admiré à l'étranger.
L'Europe, elle, souffre d'un déficit social et démocratique abyssal qui éclate au grand jour, justifiant les exigences de réforme réclamées de plus en plus vigoureusement. Les procédures d'approbation, soit par les organes supranationaux, soit par des réunions ministérielles se dispensant de l'avis des parlements, sont difficilement acceptables et ne sont plus soutenues partout. Malgré le coup de tonnerre du «Brexit», les fonctionnaires européens veulent faire «payer aux Britanniques» leur outrecuidant divorce – on se met donc en ordre de bataille plutôt qu'en situation de négociation. Stupide attitude qui menace plutôt que de réaliser combien est immense le souhait de tous ceux qui soutiennent l'idée même d'une Europe unie et forte de la voir s'atteler à une réforme nécessaire. Les Britanniques, pourtant, avaient multiplié les avertissements, demandant certaines réformes à défaut desquelles leur sortie serait inévitable. Le premier ministre Cameron a été très clair sur ce point, mais on a préféré ignorer ses déclarations, avec une certaine arrogance.
Récemment, le conseiller national genevois Benoît Genecand s'interrogeait, avec raison, sur l'attitude trop conciliante de notre pays face à l'arrogance «junkerienne» et aux exigences «non négociables» de Bruxelles, assorties de menaces peu compatibles avec les usages internationaux, du moins entre partenaires qui se respectent. Cette manière de traiter les «petits» suscite évidemment de fortes réactions; en Suisse, elle a fait le lit du seul parti refusant une adhésion – l'UDC, fortement critiquée par certaines élites mais suivie par le peuple. Le temps est venu d'adopter une attitude plus réaliste, plus ferme sur nos principes et plus déterminée.
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