RussieUne série télé sur le destin de femmes de djihadistes
La fiction russe «Sur la corde raide» aborde la question sensible des femmes parties en Syrie après avoir été séduites par l'islamisme radical.

Une femme voilée explique calmement à la caméra être partie rejoindre un groupe islamiste radical en Syrie: habituée aux drames d'époque et aux romances fades, la télévision publique russe a choisi pour une nouvelle série le thème sulfureux des femmes de djihadistes.
«Qui êtes-vous avant tout: Russe ou musulman? Qu'est-ce qui est dans votre cœur: Allah ou la peur?», interroge la jeune femme en s'adressant au spectateur.
Bande-annonce de la série (sous-titres en anglais)
La série russe de fiction «Sur la corde raide» raconte le destin de trois femmes parties en Syrie après avoir été séduites par des djihadistes qui les ont convaincues de rejoindre les rangs des combattants islamistes. Il s'agit de l'une des premières œuvres culturelles abordant cette question sensible en Russie.
Pour le réalisateur Evguéni Lavrentiev, il est «totalement clair» que la série met en scène le groupe djihadiste Etat islamique (EI), avec ses vidéos léchées de recrutement en plusieurs langues, ses drapeaux noirs et blancs et ses enfants soldats armés. Mais à cause des strictes lois russes sur l'extrémisme, l'organisation n'est jamais nommée en tant que telle à l'écran.
«Il est facile pour ces islamistes radicaux de se présenter en tant que héros romantiques et de faire passer tous les mensonges possibles à leur sujet car les gens ne savent vraiment rien sur eux et que personne ne veut en parler», explique M. Lavrentiev à l'AFP, tout en disant soutenir les lois russes.
Personnes vulnérables
Des milliers de ressortissants de l'ex-URSS ont rejoint les rangs de groupes djihadistes en Irak et en Syrie, selon les chiffres des services de sécurité russes. Tout comme les pays européens et les Etats-Unis, la Russie se démène désormais pour réintégrer les familles de djihadistes qui souhaitent rentrer chez elles. Si les autorités s'inquiètent d'un risque de radicalisation, des dizaines de femmes et d'enfants ont déjà été rapatriés vers les républiques russes à majorité musulmanes du Caucase.
En avril, une ancienne étudiante moscovite a été remise en liberté conditionnelle après avoir été condamnée en 2016 pour avoir tenté de rejoindre un combattant qui l'a séduite sur internet. L'affaire avait été très médiatisée.
Selon M. Lavrentiev, l'EI cible généralement les personnes vulnérables en raison de problèmes professionnels ou personnels. «Lorsqu'une personne a perdu son but dans la vie, lorsqu'elle est sur la corde raide - le titre de la série - il faut juste trouver cette personne et lui parler», affirme M. Lavrentiev.
La prison
Ses personnages principaux sont une étudiante en langues qui se convertit à l'Islam après s'être sentie trahie par sa famille et son petit ami, une femme pauvre en province qui rêve d'un mari étranger fortuné et la veuve d'un combattant de l'EI qui est méprisée par ses voisins.
La série laisse pour autant peu d'ambiguïté quant au sort de ses héros: le seul personnage principal qui se rend en Syrie de manière réellement volontaire, la veuve d'un djihadiste, est tué par une grenade juste avant que les autres ne soient sauvés. «Ici, je ne mets rien en question: si une personne participe de son plein gré à une organisation terroriste, elle doit aller en prison», explique le réalisateur.
«Courageuse et provocatrice»
Les réactions du public à la série, tournée à Moscou et en Egypte, ont été mitigées. Le site d'information Meduza l'a saluée comme «la première série russe à évoquer comment les recruteurs du 'Califat' (...) attirent des femmes russes dans leur piège».
Pour l'agence de presse Rosbalt, il s'agit d'une oeuvre «courageuse et même provocatrice», relevant qu'elle peut servir de «leçon pour d'autres jeunes femmes malheureuses». Le site Tricolor Television regrette pour sa part une série «banale et stéréotypée» et un casting étrange, avec par exemple un acteur bélarusse jouant le rôle d'un recruteur arabe.
Un autre film russe, «Profile» de Timour Bekmambetov, sorti l'année dernière, décortiquait déjà comment l'Etat islamique attirait les femmes dans ses filets.
ats
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