Orchestre de chambre de GenèveUne saison luxuriante pour célébrer 30 ans de musique
La formation née en 1992 s’offre un festival flamboyant et une saison ouverte à tous les possibles artistiques. Tour d’horizon du programme.

Savoir tourner des pages, voilà un art qui requiert un tact certain et une détermination solide. Dans les bureaux de l’Orchestre de chambre de Genève, l’exécution du geste ne semble souffrir d’aucune entrave. À l’heure de la présentation, entre les murs de cette petite citadelle de la musique que sont Les 6 Toits, de la saison 2022-2023, les décideurs de la formation ont laissé loin derrière eux toutes ces années – neuf en tout – marquées par l’empreinte du chef néerlandais Arie van Beek. L’ancien directeur artistique et musical ayant achevé trois mandats sous nos latitudes, l’OCG a très vite réinventé son présent et son avenir proche.
Comment? En décidant, en premier lieu, de ne pas se décider sur la succession du sortant. «Nous sommes à bout touchant, nous glisse après la conférence de presse le secrétaire général de l’institution, Frédéric Steinbrüchel. Le nom sera rendu public durant l’automne.» Aussi, la saison à venir alignera un nombre consistant de chefs invités et comptera par ailleurs sur la présence plus prononcée du jeune Marc Leroy-Calatayud, qui déploiera trois projets avec l’étiquette de chef associé. Le legs d’Arie van Beek n’est pas diminué pour autant, loin de là. «Nous avons tous été marqués par son passage, il a été déterminant en structurant l’orchestre avec son exigence, son travail acharné, son humour et son humanité, note Frédéric Steinbrüchel. Tout cela continuera à faire partie de notre identité. Mais en même temps, je crois qu’il était sain de s’octroyer un temps de respiration après une si longue expérience et d’ouvrir, le temps d’une saison, nos portes à d’autres chefs.»
Plateforme artistique
La pierre angulaire de l’année artistique est particulièrement imposante; elle est là, dans ces trente ans d’activités de l’orchestre qu’il s’agit de souligner et célébrer comme il se doit. Voilà qui ouvre la voie à une sorte de festival de trois jours – du 23 au 25 septembre – durant lequel se déploieront des collaborations en cascade avec des acteurs culturels de la place. Du Grand Théâtre à la Comédie de Genève, de l’ensemble Eklekto à la Cave12, de Contrechamps au Conservatoire. Bref, en se rendant au Bâtiment des Forces Motrices, on aura affaire à une sorte de plateforme, à un patchwork artistique où les disciplines et les genres dialogueront sans obstacle.
Il y en aura pour les familles, notamment, avec la participation de Gaëtan en tant que récitant dans «Pierre et le loup», et avec aussi cet atelier qui permettra au jeune public de plonger dans l’art de la lutherie et de fabriquer son propre instrument. Ailleurs, on ne saurait manquer le passage du grand violoncelliste Mischa Maisky, dont le jeu expressif et racé demeure, plus d’un demi-siècle après ses grands débuts, une signature inoxydable. Et on cueillera sans hésiter la proposition des Young Gods, qui recréent dans leur nouvel album «In C», œuvre phare de la musique répétitive signée par l’Américain Terry Riley. Une dernière suggestion? Elle est à saisir avec l’«Usine électrique», performance portée par quatre percussionnistes, dont Alexandre Babel à la direction musicale, et par la compositrice Félicia Atkinson.
Que dit le restant des propositions, entre septembre et juin prochains? Que l’OCG densifie ses relations avec le Grand Théâtre à travers quatre propositions fortes. Limitons à citer la première qui permettra de redécouvrir, le 18 septembre, «L’éclair», une pépite oubliée de Fromental Halévy. La maison lyrique ouvre durant ce temps la saison avec «La juive». Cet opéra-comique sera donné un soir seulement, en version de concert, sous la direction de Guillaume Tourniaire.
L’avenir et la jeunesse
Parmi les treize chefs invités, les jeunes talents à découvrir sont particulièrement nombreux. On y croise notamment la Polonaise Anna Sulkowska-Migon, récente lauréate du concours La Maestra, entièrement consacré aux cheffes. Et Chloé van Soeterstède, en résidence depuis l’année passée auprès de l’Orchestre national d’Auvergne. Bien plus expérimenté, le fidèle Gábor Takács-Nagy fera un passage face aux pupitres pour diriger un «Requiem» de Mozart attendu.
Les solistes, enfin, prolongent eux aussi une ligne artistique tournée vers l’avenir et la jeunesse. Là encore, les figures établies depuis longtemps ne manquent pas – l’excellent pianiste Jean-Efflam Bavouzet et le violoniste Nigel Kennedy, notamment. Mais on rencontre aussi la mezzo romande Marina Viotti et la soprano Pretty Yende, le violoniste Sergey Khachatryan et la pianiste Isata Kanneh-Mason.
«Quand on aime», nous dit l’affiche de l’OCG… À chacun d’ajouter la suite bien connue et de filer sans hésiter vers le paysage musical que nous ouvre l’orchestre.
Tout sur la saison de l’OCG sur www.locg.ch
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