Les diplomates suisses jonglent entre l’organisation de la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine les 4 et 5 juillet à Lugano, la participation imminente de la Suisse au Conseil de sécurité de l’ONU et la recherche d’un accord institutionnel avec l’Union européenne.
Ces trois éléments représentent des défis majeurs pour la neutralité traditionnelle de la Suisse, tout en offrant des opportunités à la Suisse d’accroître sa présence au sein de la diplomatie internationale. Au-delà du simple accueil de sommets comme celui entre Joe Biden et Vladimir Poutine ou de conférences comme les récentes réunions ministérielles de l’OMC et de l’OIT, ces trois défis pourraient inciter à une politique étrangère suisse plus active.
La conférence de Lugano est l’occasion de lancer la reconstruction de l’Ukraine. Un millier de diplomates et de responsables publics y sont attendus. Conçue avant l’invasion russe du 24 février, la conférence prend tout son sens aujourd’hui, avec notamment la présence d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
«La Suisse doit désormais regarder au-delà de l’Europe et de manière plus globale.»
La promotion de la paix et sa relation avec la neutralité suisse ont été au cœur du débat national sur la candidature de la Suisse au Conseil de sécurité de l’ONU. Si la conférence de Lugano est plutôt une entreprise humanitaire, l’adhésion au Conseil de sécurité ne l’est pas.
En mai 2022, le Conseil fédéral a proposé quatre priorités en cas d’adhésion. Il s’agissait de la construction d’une paix durable, de la protection humanitaire, de la sécurité climatique et des réformes du Conseil de sécurité lui-même. La guerre en Ukraine a mis à mal le Conseil de sécurité, le veto de la Russie à la paix en Ukraine soulignant la polarisation.
Le rôle de la Suisse au Conseil de sécurité devrait également concentrer l’attention de Berne sur la Genève internationale avec sa Maison de la Paix et ses trois centres étroitement liés au gouvernement suisse.
Un autre aspect positif du rôle de la Suisse à l’ONU sera d’étendre la vision du DFAE au-delà de l’Europe. En mai 2021, la Suisse a rompu les négociations avec l’UE après sept années d’efforts vains pour s’entendre sur un traité destiné à remplacer plus de 120 accords bilatéraux. Les pourparlers avec l’UE s’étant enlisés, la Suisse doit désormais regarder au-delà de l’Europe et de manière plus globale dans la perspective du Conseil de sécurité.
Traiter trois fronts simultanément
Lugano, New York, Bruxelles: les diplomates suisses agissent sur trois fronts majeurs. Outre la question évidente de la relation entre les trois et la neutralité suisse, la prochaine question évidente est celle de la capacité de la Suisse à traiter les trois en même temps.
Un DFAE relativement petit peut-il y faire face? Plus important encore, la situation actuelle exige que la Suisse joue un rôle accru dans la politique internationale. La neutralité passive n’est plus acceptable pour un pays qui siégera bientôt à la plus haute table diplomatique du monde à New York.
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L’invité – Une période chargée pour les diplomates suisses
Daniel Warner observe qu’à Lugano, New York et Bruxelles, trois fronts diplomatiques majeurs sont ouverts.