Une pénurie de chauffeurs menace l'essor d'Uber en Suisse romande
L'application qui met en relation conducteurs et passagers connaît un grand succès. Qu'elle peine à gérer.

Uber vit une forte croissance entre Genève et Lausanne, mais peine à y faire face. C'est en substance le message qu'on peut retenir d'une conférence de presse organisée lundi par la multinationale ainsi que d'un «événement» dédié aux futurs conducteurs le 11 avril à l'hôtel Ramada Encore, à la Praille.
La demande d'abord. La plate-forme recense 180 000 utilisateurs sur l'arc lémanique, cinq fois plus qu'il y a deux ans. En mars 2015, 600 applications Uber étaient téléchargées chaque semaine dans la région, un chiffre qui excède désormais les 3000. Cette utilisation, massive, serait surtout complémentaire aux offres de transport qui existaient avant l'arrivée d'Uber, en 2014.
Une étude du cabinet indépendant 6t, présentée lundi aux médias, souligne que le groupe californien prend certes quelques clients aux taxis traditionnels, mais il crée surtout un marché. «Uber a généré une nouvelle mobilité, comme les low costs dans l'aviation», estime Nicolas Louvet, directeur de 6t.
«Créer un équilibre»
La clientèle – toujours plus jeune, estudiantine et féminine, même s'il y a une majorité d'hommes – utilise surtout Uber dans son agglomération de résidence, là où celle des taxis serait plus active quand elle voyage loin de chez elle, en touriste. Les usagers d'Uber se connectent beaucoup pour leurs loisirs. Ils sont attirés par Uber car ses prix sont bas, et ils tendraient à y rester pour des questions pratiques, selon 6t. Uber permet depuis peu de réserver une course un mois à l'avance. Son service contribuerait à réduire le trafic, car il incite une partie de ses usagers à renoncer à l'achat d'un véhicule, selon 6t.
«Nous avons deux types de clients: les usagers et les chauffeurs, indique Alexandre Molla, directeur d'Uber pour la Suisse romande. Il faut créer un équilibre et les contenter les deux, en réduisant les temps d'attente des premiers tout en assurant une forte demande aux seconds.»
Uber ne se précipiterait autrement dit pas en cas de fort afflux de conducteurs pour préserver ses partenaires existants. «Nous voulons garder ceux que nous avons; notre modèle fait qu'un chauffeur qui travaille à plein temps pour nous gagne entre 4000 et 5000 francs net par mois (ndlr: les chauffeurs ne sont pas des salariés du groupe)», indique Alexandre Molla.
Un afflux de chauffeurs? C'est pour l'instant le contraire. Face à l'explosion de la demande, Uber ne trouve pas assez de conducteurs. La multinationale s'efforce pourtant d'en attirer. Sur ses douze employés en Suisse romande, la moitié leur est dédiée. Et face au manque, elle organise régulièrement des «événements» à l'hôtel Ramada Encore. Le dernier en date, le 11 avril, a réuni des loueurs et un vendeur de voitures, une auto-école, des assureurs, un spécialiste en tachygraphes et une firme de transferts d'argent. Autant de sociétés susceptibles de conseiller les chauffeurs potentiels. Uber va organiser d'autres réunions similaires.
Incertitudes juridiques
Le géant déniche ainsi des conducteurs: ils sont aujourd'hui mille à utiliser son application entre Genève et Lausanne, contre 150 deux ans plus tôt. Mais c'est insuffisant.
Le cadre législatif lui pose problème. La loi genevoise ne permet de délivrer des cartes de chauffeur professionnel qu'à ceux qui ont passé un examen corrigé par des milieux professionnels peu enclins à voir Uber prospérer. Le groupe prospecte du coup en dehors des frontières cantonales. La nouvelle Loi sur les taxis, qui pourrait entrer en vigueur cet été, est encore floue au sujet des examens. «J'espère qu'elle permettra aux autorités de délivrer plus de permis professionnels», relève Alexandre Molla.
L'algorithme d'Uber et une intense communication avec les chauffeurs pallient les manques. Les chauffeurs sont notamment incités à se connecter le week-end et en soirée, lorsque l'application est courue. Pour l'instant, ça tient: le temps d'attente moyen pour une course à Genève est de cinq minutes, mais cette durée s'allonge loin du centre.
Le manque de chauffeurs ne tient pas seulement Uber en haleine. Les sociétés de location de véhicules pour professionnels pullulent dans son sillage. Le groupe Swiss Transport Services vient ainsi d'acheter une petite cinquantaine de Mercedes Classe E. Il parie donc sur une hausse du nombre de conducteurs. Uber collabore aussi avec Monito, un spécialiste des transferts d'argent à l'étranger, alors qu'une grande partie des chauffeurs est d'origine maghrébine.
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