Du 29 août au 16 octobreUne pandémie fictive pour confronter le public à ses propres failles
Une exposition de l’Université de Genève utilise des vidéos de scénario catastrophe pour expérimenter les biais cognitifs qui nous influencent.

La commissaire de l’exposition, Mona Spiridon, proposera aussi des visites guidées.
«Le message, c’est qu’il faut douter des autres, mais surtout de soi-même.» C’est ainsi que Mona Spiridon résume la nouvelle exposition de l’Université, dont elle est la commissaire. Elle est axée sur les «biais cognitifs», c’est-à-dire «les mécanismes de pensée qui vont influencer notre perception de la réalité, et, de manière inconsciente, notre jugement.» Ces raccourcis de pensée, qui peuvent créer des erreurs de raisonnement, nous aident aussi à faire le tri parmi la multitude d’informations à laquelle nous sommes soumis.
Mona Spiridon a choisi de ne pas évoquer ce sujet de manière trop théorique ou scientifique, en expliquant les mécanismes cérébraux, mais plutôt d’immerger le spectateur dans un scénario catastrophe fictif. Il a le choix entre deux vidéos d’une dizaine de minutes.
Ces vidéos évoquent une pandémie, et le traitement médiatique de deux hypothèses concernant son origine: la pollution ou les pollens. Sauf que selon la vidéo regardée, c’est l’une ou l’autre de ces possibilités qui est clairement mise en avant. Et ce, à l’aide de faux extraits de journal télévisé, de titres d’articles en ligne, de débats radiophoniques entre experts et contre-experts, de témoignages sur les réseaux sociaux.
Pièges en série
Au sortir de ce visionnage, le visiteur pénètre dans la salle arrière, dans laquelle des panneaux informatifs décryptent les différents types de pièges dont il vient d’être victime. Le plus connu étant sans doute le «biais de confirmation», qui pousse à ne faire attention qu’aux informations qui nous plaisent, qui vont dans notre sens, et à ignorer ou critiquer les autres. Le biais de cadrage, le biais d’autorité, les effets de répétition, les attaques ad hominem, l’illusion de corrélation, tous ces phénomènes qui ont pu brouiller notre objectivité sont aussi expliqués.
Le parcours se termine par des exercices ludiques où le visiteur peut tour à tour choisir une photo et un titre de une pour la couverture d’une publication, choisir le format le plus adapté pour la visualisation de données (camembert ou graphique en barres?), etc.
À la fin, si même des données factuellement correctes sont sujettes à tant d’interprétations, comment faire pour retrouver la vérité? «Il faut accepter l’incertitude», conclut Mona Spiridon.
«La nouvelle menace: une exposition sur nos biais cognitifs», entrée libre, à la salle d’exposition de l’UNIGE, 66, boulevard Carl-Vogt. Du 29 août au 16 octobre 2022. Dès le 31 octobre, l’exposition devient itinérante et tournera notamment dans des établissements scolaires
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