Une Genferei monumentale pour la police
Dans un discret projet de loi, le Conseil d'État vient de mettre un point final à la saga plus que trentenaire du Nouvel Hôtel de police (NHP) du chemin de la Gravière, à la Queue d'Arve. Conçu en 1985 et inauguré en 1993, l'édifice restera donc incomplet. Ses extensions à venir, bien qu'étudiées dans les années 80, puis réétudiées pour 9 millions de francs de 2009 à 2013, sont abandonnées définitivement. Pour faire quoi? On ne sait pas encore. De nouvelles études sont lancées.
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Cette épopée immobilière, politique et policière a les symptômes d'une sublime Genferei. Ce phénomène local a ses définitions, pointant notamment un projet «accepté par tous, mais si mal ficelé qu'il se démonte de lui-même en coûtant très cher», «qui ne se fait jamais, mais revient sans cesse sur le tapis» ou «qui se réalise enfin, mais est devenu inutile vu le temps écoulé entre le constat du besoin et la réalisation».
On y est! Le NHP pourrait même briguer le titre de quintessence de la Genferei. Mais il pourrait alors lui manquer une apothéose. À cette fin, des pistes s'offrent encore à nos chères, si chères autorités. Offrons à la police, qui le mérite, un palais en marbre de Carrare à quelques centaines de millions de francs, situé au fond d'une impasse rurale. Pour la désenclaver, osons aussi une traversée du lac à plusieurs milliards (études incluses).
Cette délocalisation parachèverait le fiasco de la Queue d'Arve, avec une vente à perte. Devenu vacant, cet édifice policier et donc forcément particulier (il comporte 56% de surfaces souterraines contre 44% hors-sol), nécessiterait des ajustements pour se convertir à un usage civil, indiquait en 2007 l'une des si nombreuses études menées sur son cas. On parle de 30 à 50 millions de francs, une somme qui devrait être déduite de sa valeur estimée à l'époque à quelque 105 millions. Le solde (entre 55 et 75 millions) devrait se comparer à son coût initial (95,3 millions, sans les études). Un joli potentiel, non?
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