VenezuelaUne figure de l’opposition quitte Caracas pour l’Espagne
Leopoldo Lopez, mentor du leader de l’opposition Juan Guaido, a quitté en secret l’ambassade d’Espagne de Caracas où il était réfugié depuis 18 mois.

Leopoldo Lopez, figure de l’opposition vénézuélienne et mentor de son chef de file Juan Guaido, est en route pour l’Espagne après avoir quitté «clandestinement» la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Caracas où il était réfugié depuis 18 mois.
«Je peux confirmer qu’il a quitté l’ambassade de sa propre volonté et qu’il est parti en secret, de façon clandestine, du Venezuela en passant la frontière avec la Colombie», a déclaré à l’AFP son père Leopoldo Lopez -ils portent tous les deux le même nom- qui vit en Espagne. L’opposant a quitté la résidence «il y a deux jours environ» et a passé la frontière avec la Colombie vendredi, a-t-il ajouté. «Nous espérons qu’il sera ici demain (dimanche, ndlr)», a dit Leopoldo Lopez qui est député européen du Parti populaire espagnol (droite).
Leopoldo Lopez, 49 ans, est l’une des figures de l’opposition au président socialiste Nicolás Maduro. Fondateur du parti centriste Voluntad Popular (Volonté populaire), il est considéré comme le mentor politique de Juan Guaido, que près de soixante pays reconnaissent en tant que président par intérim du Venezuela.
Aucun détail n’a filtré sur les conditions de son départ de l’enceinte diplomatique espagnole située dans un quartier huppé de l’Est de la capitale vénézuélienne. À la mi-journée samedi, des agents du service de renseignement (SEBIN) étaient déployés aux abords de la résidence, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Condamné à 14 ans de prison
«Maduro, tu ne contrôles rien», a lancé Juan Guaido sur Twitter après l’annonce du départ de Leopoldo Lopez. «Nous avons réussi à envoyer notre Commissaire pour le Centre de gouvernement, Leopoldo Lopez, en territoire international en bravant ton appareil répressif».
Le ministre vénézuélien des Communications Freddy Nanez a ironisé sur la fuite de Leopoldo Lopez. «Il a juré qu’il ne partirait jamais et a fui son auberge espagnole sans tirer un coup de feu. Tout le monde le traite de lâche», a écrit le ministre sur Twitter.
«Nous sommes heureux de voir Leopoldo Lopez libre. Le régime illégitime compte des centaines de prisonniers parce qu’ils ne sont pas d’accord avec Maduro, ils représentent une menace parce que le peuple est avec eux, ou ils ont l’audace de demander le respect des droits constitutionnels», a pour sa part déclaré l'»ambassade virtuelle des États-Unis pour le Venezuela» sur son compte Twitter @usembassyve.
Leopoldo Lopez avait été arrêté en 2014 et avait passé près de trois ans en prison avant d’être placé en résidence surveillée en 2017. Il devait purger une condamnation à près de 14 ans de prison, accusé d’avoir incité aux manifestations contre le gouvernement de Nicolás Maduro qui avaient fait 43 morts et plus de 3000 blessés.
Le 30 avril 2019, il était apparu aux côtés de soldats insurgés et de Juan Guaido, qui appelait l’armée à se soulever contre le dirigeant socialiste. Le soir même, il s’était réfugié avec son épouse Lilian Tintori et leur fille dans la résidence de l’ambassadeur d’Espagne à Caracas lorsque le soulèvement avait tourné court. Depuis, son épouse a quitté le Venezuela pour l’Espagne.
Guaido «affaibli»
Avant Leopoldo Lopez, nombre d’opposants au pouvoir chaviste ont déjà quitté le Venezuela. L’un des plus célèbres d’entre eux est l’ancien maire de Caracas Antonio Ledezma qui vit en Espagne depuis 2017. Un autre dirigeant d’opposition Julio Borges est, lui, exilé en Colombie après avoir été accusé d’un attentat dont Nicolás Maduro avait dit avoir été la cible en 2018.
Selon son parti Voluntad Popular, Leopoldo Lopez va désormais «enclencher de nouvelles actions en faveur de la lutte pour la liberté du Venezuela». Mais pour l’analyste politique Jesus Castillo-Molleda, son départ «affaiblit Guaido» au sein d’une opposition déjà divisée: «c’est le signal que Guaido se dirige vers la sortie».
C’est Leopoldo Lopez qui a mis le pied à l’étrier à son cadet, âgé de 37 ans. En tant que président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido s’est proclamé président par intérim du Venezuela en janvier 2019, estimant que la réélection de l’»usurpateur» Nicolás Maduro avait été «frauduleuse». Il tente depuis, en vain, d’évincer l’héritier politique du défunt président Hugo Chavez (1999-2013).
Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, continue à jouir du soutien de l’armée, pierre angulaire du système politique vénézuélien, mais aussi, au plan international, de la Russie, de l’Iran et de Cuba. Le départ de Leopoldo Lopez intervient un peu plus d’un mois avant les élections législatives convoquées par le pouvoir chaviste pour le 6 décembre.
Les principaux partis d’opposition, dont Voluntad Popular, ont appelé à leur boycott estimant qu’elles n’ont aucune chance de se dérouler de façon équitable puisque le Conseil national électoral est contrôlé par des membres nommés par la Cour suprême, au service du pouvoir. L’Union européenne a appelé, en vain, au report du vote et les États-Unis l’a qualifié de «ni juste, ni libre».
AFP/NXP
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