Une exposition interroge le couple et ses violences
Chez andata.ritorno, l'artiste d'origine dominicaine Celeste Seligmann détourne des objets liés à la séduction pour dire l'âpreté des sentiments amoureux.
Au sol, des centaines de douilles sont assemblées en forme de cœur. Leur froideur métallique et leur destination originelle contrastent avec le symbole qu'ensemble elles composent. Comme si, vidés de leur principe mortifère, ces objets retrouvaient le chemin du salut en figurant l'emblème de l'amour et de la vie.
L'installation résume bien les enjeux de «Rédemption», une exposition que Celeste Seligmann présente chez andata.ritorno. Usant aussi de la photographie et du texte, l'artiste originaire de République dominicaine s'intéresse depuis longtemps au couple et aux ombres brutales qui planent sur toute relation humaine.
«Ce travail remonte à une dizaine d'années, lorsque je me suis installée dans mon pays natal une partie du temps. J'ai été frappée par la violence qui s'y exerçait, notamment envers les femmes», explique celle qui a longuement vécu à Genève. Avec des douilles collectées dans des stands de tir, elle commence par faire des installations, avant de les transformer en emblèmes de la séduction féminine: en remplaçant les projectiles des balles par des bâtons de rouge à lèvres en résine et pigments, Celeste Seligmann affranchit la munition de sa charge de mort pour lui réinjecter tendresse et sensualité. Une façon, pour la plasticienne, de «transformer la violence» et d'orienter la réflexion sur «la voie du pardon».
Moments de l'attachement
Certains de ces petits tubes évoquant l'industrie cosmétique sont appariés dans 35 cadres en bois d'acajou dorés à la feuille. Ils représentent autant de tandems amoureux, à l'abri d'écrins aussi précieux que fragiles. Aucun des tableaux n'est vraiment le même. Parfois parfaitement côte à côte, les membres de ces duos apparaissent ailleurs imperceptiblement éloignés, là proches d'un bord, ici dissimulé l'un par l'autre: ils racontent autant d'histoires de couple, ou de moments de l'attachement.
À ces œuvres sculpturales fait écho un cliché où un homme et une femme lovés l'un contre l'autre irradient le bonheur. Plusieurs tirages sont diversement hachurés de noir. Pointant les apparences trompeuses de la passion, les rayures sombres rappellent combien l'autre demeure inconnu.
Rédemption Jusqu'au 7 mars. Infos: andataritornolab.ch
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