Covid-19Une étude pour encourager les soignants à la vaccination
Malgré les précautions, les employés des EMS peuvent être une source de contamination au Covid-19. L’étude genevoise vise à les motiver les hésitants à se faire vacciner, contre le Covid mais aussi contre d’autres virus comme la grippe.

Les EMS ont été particulièrement touchés par les vagues successives de Covid-19. Ils accueillent une population vulnérable qui, une fois contaminée par le virus, est plus susceptible de développer une forme grave, d’être hospitalisée et de décéder. Durant la première vague, plus de 40% des décès liés au Covid-19 à Genève ont concerné des résidents de ces établissements. Dès le début de la pandémie, des mesures de protection ont été mises en place et optimisées au fil de vagues. Malgré tout, des foyers d’infection ont éclaté, le virus entre dans les établissements par le biais des visiteurs mais aussi du personnel. L’été passé, alors que les cas flambaient dans les EMS, la médecin cantonale genevoise Aglaé Tardin expliquait que «la majorité des flambées commencent par un collaborateur non vacciné malade, puis se disséminent dans la structure.»
Cette part de responsabilité dans l’infection, c’est justement ce que vient de montrer une étude menée par par Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), l’Hôpital de La Tour et l’Université de Genève. Ces résultats n’ont pas pour but d’incriminer les soignants mais d’être un levier supplémentaire pour freiner l’hésitation vaccinale chez ces professionnels, souligne Omar Kherad, co-auteur de l’étude et médecin-chef à l’Hôpital de la Tour.
«Grand nombre d’infections non dépistées»
L’étude a été menée entre mai et septembre 2020, durant la première vague, alors que les EMS avaient mis en place des mesures fortes pour limiter, voire interdire les visites. Les probabilités de sources de contaminations externes étaient donc très réduites. Pour évaluer la corrélation entre les infections du personnel et des résidents, les auteurs de l’étude ont utilisé deux sources d’informations. D’une part, l’étude genevoise SEROCoV-WORK+ qui a déterminé un taux moyen d’infection dans 32 professions sur la base de prélèvements sanguins de 10’513 personnes. D’autre part, les chiffres des cas, hospitalisations et décès de résidents en EMS, transmis par le Département de la santé, ainsi que les cas positifs chez les collaborateurs.
Les données relatives à vingt-cinq EMS, sur les 55 du canton, et 1071 collaborateurs ont ainsi été étudiées. «Les résultats montrent que lorsque le taux de séroprévalence (ndlr: présence d'anticorps) au sein des travailleurs augmente de 1%, en parallèle le nombre de cas de Covid chez les résidents augmente de manière significative - il y a 10% de fois plus de chance qu’un résident devienne positif, rapporte Omar Kherad. On note également une augmentation des hospitalisations et des décès.» Des études aux Etats-Unis et en Espagne font état de résultats similaires. On relève également une large différence entre le nombre de cas positifs officiellement détectés chez les soignants et le taux de séroprévalence moyen estimé. «Cela suggère qu’un grand nombre d’infections ont été soit asymptomatiques soit n’ont pas été dépistées. C’est un levier supplémentaire pour sensibiliser les soignants à la vaccination, contre le Covid mais aussi contre d’autres virus comme la grippe.»
«Une obligation ne ferait pas sens»
Un levier pour rendre aussi la vaccination contre le Covid obligatoire? Nicolas Walder, président de la Fédération genevoise des EMS, y est opposé. Il relève d’abord que les collaborateurs ont plutôt bien joué le jeu de la vaccination, «on estime que le taux dans les EMS oscille autour des 80%, c’est le taux du personnel soignant en général». Il n’existe toutefois pas de statistiques officielles par établissement. Et d’ajouter: «Même si on rendait la vaccination obligatoire, ce qui n’est pas souhaitable, cela n’empêcherait pas toutes les infections - le vaccin protège moins contre Omicron et ses sous-variants - et n’exempterait pas de toutes les précautions qui sont déjà en place. Au vu de la situation actuelle, une obligation ne ferait pas sens. Aujourd’hui, en sus de la vaccination, les plans de protection couplés à la solide expérience acquise par les EMS et le personnel garantissent un bon niveau de protection aux résidants. À noter que le port du masque est toujours obligatoire pour le personnel des EMS. »
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