CarougeUne étonnante fondation à la place d’Armes
La Fondation Mossadegh met en consultation des milliers de livres, organise des conférences et donne des cours de persan.

À la place d’Armes, à Carouge, une arcade donne quasi sur un des plus anciens platanes du canton. Ici, nulle ostentation, mais trois fenêtres d’une sobriété qui soulève une légitime curiosité. Dans l’une d’entre elles, un panneau muni d’une écriture en persan, sous titrée de lettres latines, indique qu’il s’agit d’une bibliothèque d’iranologie. Le portrait d’un haut dignitaire est bien mis en évidence dans la deuxième. C’est ici le cœur de la Fondation Mossadegh. Une bibliothèque munie de 9400 ouvrages, en persan, français et anglais qui est ouverte à tout un chacun. On y trouve également des documents historiques, des manuscrits, photos, vidéos et enregistrements. Autant dire, une mine d’or pour qui s’intéresse à la culture de ce pays multiséculaire. La fondation a pour but de mieux faire connaître la civilisation de l’Iran, sa culture et ses arts en mettant à disposition sa bibliothèque qui couvre des domaines aussi variés que l’histoire du pays, sa situation géographique et humaine. Elle dispose d’une salle de lecture ainsi que d’une salle de conférences.
«Nous n’avons aucune activité politique et notre seul but est d’informer sur la culture et l’histoire de l’Iran.»
Haut dignitaire iranien, Mohammed Mossadegh est né le 16 juin 1882 à Téhéran. Après des études en Suisse, couronnées par l’obtention d’un doctorat en droit à l’Université de Neuchâtel, et un parcours politique dans son pays, il est devenu premier ministre par deux fois: de 1951 à 1952, puis de 1952 à 1953. Par la suite, il a été renversé par un coup d’État orchestré par les États-Unis et le Royaume-Uni. «C’est une figure, en Iran, dit l’administrateur de la Fondation, Alberto Feldkircher, il est surtout connu à l’international pour la nationalisation du pétrole iranien (exploité à l’époque par une société britannique) et a organisé de nombreux changements au niveau national, comme la grande réforme agraire ou le partage des terres entre les populations. Il a été premier ministre du chah d’Iran, à une époque où il n’y avait pas encore de République islamiste. L’Iran était un pays moderne, comme l’Occident.» C’est en son nom qu’est née la fondation il y a vingt-trois ans, sur l’initiative de l’un de ses petits-fils, Abdol Madjid Bayat.
9400 livres en consultation
«Au début, la bibliothèque comportait environ 4000 livres, maintenant, nous en sommes à 9400 et nous avons une belle bibliothèque. Nous organisons des événements, des conférences, proposons des cours de persan et décernons tous les deux ans le prix Mossadegh», ajoute l’administrateur.
La Fondation Mossadegh est autofinancée et fonctionne sur des dons. Pour Farhad Diba, son président, neveu de l’ancien premier ministre et auteur d’une biographie sur son oncle, «nous ne percevons aucun financement de la part du gouvernement iranien. Mon cousin avait investi dans l’immobilier, et donc c’est là l’origine principale des revenus de la fondation. Nous n’avons aucune activité politique et notre seul but est d’informer sur la culture et l’histoire de l’Iran, avec une insistance sur l’ère Mossadegh. En septembre dernier, nous avons octroyé, au cinéma Grütli, le prix Mossadegh à Taghi Amirani et Walter Murch pour leur film «Coup 53» , un reportage sur le coup d’État anglo-américain de 1953 en Iran.» Si la Fondation s’est installée à Carouge au début du siècle, c’est grâce à l’attachement de la famille avec la Suisse «Les fils de Mossadegh ont étudié à l’Université de Lausanne et Bayat, mon cousin et fondateur de l’institution a vécu cinquante ans à Genève. Notre famille a des liens très étroits avec la Suisse, liens que nous allons maintenir notamment à travers l’Université de Genève. Nous sommes en effet en train de constituer un partenariat avec elle au sujet d’études sur l’Iran», ajoute le président de la fondation.
Fondation Mossadegh, 21 place d’Armes, 1227 Carouge Tél: .+41 (0) 22 300 3755
http://www.mossadegh.com
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.