Politique genevoiseUne députée veut interdire les vols dès 22 h à l’aéroport
La proposition n’est pas inédite, mais l’élue du Centre, Christina Meissner, dépose une motion pour en finir avec les avions de nuit à Cointrin.

Lors d’un récent débat organisé à Versoix par la «Tribune de Genève», quatre candidats au Conseil d’État, Delphine Bachmann (Le Centre), Fabienne Fischer (Les Verts), Anne Hiltpold (PLR) et Thierry Apothéloz (PS), se sont montrés favorables à une limitation des horaires de décollage et d’atterrissage à 22 heures à Genève Aéroport.
«Je suis pour, à l’exception des vols retardés», déclare Anne Hiltpold. «La taxation des avions retardataires ne changera rien, réagit Thierry Apothéloz. Il faut imposer un horaire strict, sinon les compagnies fortunées continueront de poser leurs avions à Genève, peu importe l’heure.» Il faut? On attendra donc du nouveau Conseil d’État de faire le forcing…
Pour l’heure, il n’en fallait pas davantage pour que la députée du Centre Christina Meissner, présente à ce débat et très engagée sur la question, dépose une motion intitulée «Pour une limitation stricte des vols de nuit». Et d’inviter les prochains élus à intervenir auprès de toutes les autorités compétentes afin d’interdire totalement les mouvements d’aéronefs commerciaux d’affaires et privés à l’aéroport de Genève entre 22 heures et 6 heures, cas d’urgence, vol d’État ou humanitaire exceptés.
L’exemple zurichois
«Le bruit des vols de nuit a de graves conséquences pour la santé et la qualité de vie. Des études internationales ont montré que les infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux sont nettement plus fréquents aux abords des aéroports que dans les zones préservées du bruit du trafic aérien, note la motionnaire. Un niveau sonore supérieur à 50 décibels entraîne des réactions d’éveil et empêche le sommeil profond, et donc le repos nocturne.»
Ce sont souvent des arguments d’ordre économique qui sont opposés à l’interdiction des vols de nuit. Or, l’expérience faite dans d’autres pays européens montre que ces craintes sont infondées, estime Christina Meissner: «Dans ces pays, l’expérience s’est même révélée positive, aussi bien du point de vue de la population que de celui de l’exploitation aéroportuaire. Le bruit des vols de nuit engendre en effet d’importants coûts externes, dus aux interdictions de construire, à la diminution de la valeur de biens immobiliers et aux atteintes à la santé.»
«Cette inégalité de traitement lèse les populations de notre région qui n’ont pas manqué de porter leur voix jusqu’à notre parlement à maintes reprises pour que l’Aéroport respecte leur sommeil. En vain.»
Les restrictions des vols de nuit (couvre-feu), régies depuis 2002 par un règlement du Parlement européen, sont appliquées dans 126 aéroports européens. En Suisse, il n’y a pas d’interdiction uniforme des vols de nuit pour les aéroports nationaux. À Zurich, l’interdiction va de 23 heures à 6 heures (avec une dérogation jusqu’à 23 h 30 pour les vols retardés) alors qu’à Genève l’aéroport est ouvert en permanence avec des restrictions pour les mouvements commerciaux entre 22 h et 6 heures, qui doivent préalablement être soumis à l’approbation de l’exploitant.
«Cette inégalité de traitement lèse les populations de notre région qui n’ont pas manqué de porter leur voix jusqu’à notre parlement à maintes reprises pour que l’Aéroport respecte leur sommeil. En vain», déplore la motionnaire. Qui espère donc que le Grand Conseil soutiendra sa motion.
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