Confiserie genevoiseUne caverne d’Ali Bonbon ravit les gourmands à Carouge
À l’enseigne de Jellyfish, Ophélie Baumberger aligne une gamme de pétillantes sucreries classiques. Guimauves, caramels, nougats… à grignoter avec parcimonie et en grandes occasions.

Le Covid-blues est-il soluble dans la guimauve? La sinistrose virale fond-elle dans le caramel salé? Autrement dit: en ces temps de bourdon sanitaire, peut-on se booster le moral en suçotant une sucrerie? Eh bien, la réponse est oui. Parfaitement. «Pour beaucoup de mes clients, les bonbons sont essentiels. Ce sont de petites thérapies. Certains traversent la ville pour venir se fournir chez moi», sourit Ophélie Baumberger, derrière son masque, bien sûr.

À l’enseigne de Jellyfish, Ophélie vend donc des bonbons à Carouge. Plein de bonbons. Des bonbons à l’ancienne. Des guimauves maison et étourdissantes à la fraise ou au citron; du caramel, frais et sous cloche, maison itou; des berlingots et des sucres d’orge; des soucoupes qui fondent dans la bouche avec une poudre acidulée cachée dedans; de la réglisse en rouleau, façon escargot, comme quand on était môme dans la cour de récré.
Mystères et boules de gomme
«Les bonbons font souvent rejaillir des souvenirs d’enfance. L’idée de cette boutique a d’ailleurs germé après le décès de mon grand-père, quand j’ai regoûté un caramel qu’il m’offrait souvent. En un flash, j’ai retrouvé mon pépé fringant de quand j’étais petite!»
Il est vrai que la confiserie est un monde plein de réminiscences, de coutumes et de magie. De mystères et de boules de gomme. «Je vends des émotions», assure d’emblée la confiseuse. «Le bonbon, c’est un lien entre les générations; une manière de transmettre des valeurs, des souvenirs, des traditions. Je n’aime pas l’idée d’un produit de consommation banale. Pour moi, il doit être réservé aux grandes occasions: mariages, anniversaires, communions… Jamais je n’ai acheté de sucrerie à la caisse d’un supermarché. C’est un produit d’exception, de fête.»

Lovée dans une mini-arcade de la rue Sain-Joseph, la boutique est déjà une friandise pour les yeux. Ses murs sont couverts de bocaux aux couleurs pop ou pastel. Là des jelly beans américains et des cherry lips britanniques. Ici des langues de chats, des pâtes de fruit, des pistaches caramélisées. Dans un coin trône une imposante meule de nougat made in Montélimar. Celle-là, il faudra un hachoir de compète pour l’attaquer.
Dingues de réglisse salée
Le tout peut s’acquérir à la pièce, au poids, en vrac. À moins de préférer remplir une bonbonnière façon grand-mère. «J’ai pesé la difficulté d’ouvrir un magasin comme ça en Suisse, qui n’a pas la culture du bonbon comme cela existe dans les pays nordiques ou anglo-saxons. Ici, c’est le chocolat qui règne. J’ai misé sur les communautés étrangères. Les Hollandais, par exemple, sont dingues de réglisses salés.»
Nantaise d’origine, Carougeoise de mariage et de cœur, Ophélie Baumberger a démarré sa vie professionnelle comme horlogère-bijoutière. La crise de 2008 la prive de boulot. Elle voyage. Puis travaille à l’Auberge du Cheval Blanc, en s’occupant avec passion du Box, cave concert dudit bistrot. Elle fait aussi des enfants, deux. Puis revient, sans entrain, à l’horlogerie comme «petit soldat». «Je ne me voyais pas faire ma vie là-dedans. Il me fallait créer mon petit espace.»

Naît l’idée d’une confiserie. Et se présente l’opportunité d’une arcade carougeoise. La jeune femme mouille la chemise, emprunte, s’en va à la chasse aux fournisseurs, artisans et distributeurs. En décembre 2017 ouvre Jellyfish, la caverne d’Ali Bonbon. «J’ai dû apprendre trois ou quatre nouveaux jobs en même temps: la com digitale, la vente, la confiserie, la gestion…» Tout commençait à rouler dans le sucre jusqu’à ce que débarque ce maudit Covid. «Plus de mariages, plus d’anniversaires, un Noël compromis; tout est décalé ou annulé. C’est vraiment difficile», glisse-t-elle. Et dire qu’il y a dans sa boutique des bocaux pleins de remèdes à la déprime ambiante.

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