Un souterrain du XVIIIe siècle est découvert lors de travaux
Cette galerie en parfait état faisait partie du chemin de ronde des anciennes fortifications.

À la fin de septembre, un souterrain datant du début du XVIIIe siècle a été mis au jour sous la rue de l'Athénée, à côté de la Vieille-Ville. Cette découverte a eu lieu à l'occasion de travaux de renouvellement d'une ligne électrique à haute tension par les Services industriels de Genève (SIG). Long de trente mètres, ce passage fait partie du chemin de ronde des anciennes fortifications de Genève. Des réflexions sont en cours pour rendre cet ouvrage, qui est en parfait état de conservation, accessible au public, voire le relier à d'autres souterrains connus.
Cette galerie se dirige d'un côté vers la rue François-D'Ivernois et de l'autre côté vers la rue Charles-Bonnet. Elle a une hauteur de 1 mètre 90 et une largeur de 90 centimètres. On y voit des graffitis portant les dates de 1840, 1847 et 1855. Le souterrain est voûté de briques avec des piédroits (murs supportant la naissance d'une voûte) en boulets de l'Arve et en molasse. Grâce à ses murs de plus d'un mètre d'épaisseur, l'ouvrage a bien résisté au temps et au poids de la circulation automobile en surface. Du côté nord, il présente une jonction avec un puits d'accès et un passage secondaire. Il appartient à un dispositif unique en Suisse de défense souterraine dont Genève s'était dotée de 1718 à 1730, à l'occasion de la construction de ses nouvelles fortifications. En cas d'attaque, la garnison pouvait circuler en toute sécurité sous la ville ou contrer des tentatives d'approche en sous-sol. Les souterrains se déployaient en étoile jusqu'à près de 200 mètres au-delà des fortifications.
Découverte prévisible
«Retrouver cette galerie nous a pris un certain temps, confie Matthieu de la Corbière, directeur du service de l'inventaire des monuments d'art et d'histoire. Cela fait dix ans que nous enquêtons sur ces souterrains et les découvertes comme celle-ci se comptent sur les doigts de la main. En fouillant dans les archives, nous essayons de reconstituer le plan de l'ancien réseau de galeries souterraines.»
Des premiers sondages permettant de localiser précisément le souterrain ont été réalisés en juillet dernier sur la base de données historiques. Les travaux de terrassement de la rue de l'Athénée, menés par les SIG en septembre pour poser une ligne électrique, ont permis de dégager soigneusement l'ouvrage. Celui-ci a pu être ouvert et exploré en octobre. Le tout a été réalisé sous la supervision de l'Office du patrimoine et des sites (OPS), en collaboration avec la direction de l'information du territoire. Ce chantier fait suite aux travaux conduits en 2018 au boulevard Helvétique, qui avaient permis de dégager des vestiges très dégradés des fortifications et laissaient supposer d'autres ruines sous la rue de l'Athénée.
«Nous ne tombons pas si souvent sur des vestiges historiques car la plupart du temps, nos travaux se situent à une profondeur de 1 mètre 50 maximum, précise Guillaume Devove, ingénieur en génie civil aux SIG. Mais là, nous creusions à 3 mètres car il s'agissait de remplacer une ligne à haute tension. Grâce aux sondages réalisés en amont, nous savions que nous allions trouver cette galerie.»

Cette découverte vient ajouter un nouveau pan au patrimoine de Genève et à la connaissance de son histoire. À l'origine, près de huit kilomètres de galeries avaient été construits. Lorsque Genève rejoint la Suisse en 1815, elle est la plus grande ville fortifiée du pays. Mais le dispositif a été progressivement détruit à partir de la fin du XIXe siècle. On en conserve aujourd'hui moins de deux kilomètres, à des profondeurs variant entre six et douze mètres. «Jusqu'aux années 2000, ces souterrains étaient détruits, car on les considérait comme un patrimoine mineur, regrette Matthieu de la Corbière. Et puis, il y avait une pesée d'intérêts avec la nécessité de poser des lignes électriques, des canalisations d'eau et d'autres réseaux de services pour la population. Mais je m'efforce de faire comprendre que c'est un patrimoine important et exceptionnel en Suisse.»
Depuis dix ans, le réseau de souterrains des anciennes fortifications de Genève fait l'objet d'une vaste étude menée par l'État pour le répertorier et estimer son intérêt patrimonial. Jusqu'ici, un kilomètre de galerie a déjà été mis au jour. Il est constitué de plusieurs tronçons, dont le plus long, situé sous le quartier des Tranchées, mesure 670 mètres. Un projet de loi déposé en avril 2018 vise à en garantir la préservation et l'entretien. Il est actuellement en cours de traitement auprès de la commission d'aménagement du Grand Conseil.
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