Commémoration du 9 maiLe rassemblement pro-russe est annulé
Une centaine de personnes devait se rassembler, samedi, sur la place des Nations, pour célébrer le «Régiment immortel». Le comité de soutien au peuple ukrainien crie à la provocation. L’organisatrice jette l’éponge.

Ils devaient être une centaine, peut-être plus, samedi, sur la place des Nations pour célébrer le «Régiment immortel», à savoir les 27 millions de Soviétiques morts durant la Seconde Guerre mondiale. En écho à la parade qui se tiendra quasi simultanément à Moscou, l’événement genevois était organisé par un comité local du Régiment immortel en Suisse. Cette manifestation, qui avait reçu l’autorisation des autorités genevoise au nom de la liberté de réunion et d’expression, a finalement été annulée, a appris la Tribune de Genève.
À Moscou, une vitrine de Poutine
Dans le contexte particulier d’une guerre sanglante menée en Ukraine, l’événement n’avait en effet pas manqué de susciter des réactions en fin de semaine. Car à 2500 kilomètres de chez nous, la parade du 9 mai sert de vitrine au gouvernement russe depuis les années 90. Quant au président Poutine, à la tête du cortège suivi par des centaines de milliers de spectateurs dans la capitale russe, il en a fait une célébration de son pouvoir, raison pour laquelle de nombreux analystes s’attendent à des annonces décisives lors de la prochaine parade.
«Ils instrumentent l’anti-nazisme alors que l’armée russe actuelle massacre en Ukraine.»
À Genève, l’annonce de ce rassemblement a été perçue comme une provocation au sein du Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et avec les opposant·e·s russes à la guerre. «C’est ignoble, une pitoyable parade de nationalistes ultraréactionnaires, bondit Dario Lopreno, membre du comité. Ils instrumentent l’anti-nazisme alors que l’armée russe actuelle massacre en Ukraine.»
Des tracts devaient être distribués, samedi également, au Molard, afin de dénoncer le rassemblement russe. «Il n’y a aucune russophobie, bien au contraire, tient à faire savoir le militant, rappelant que la rencontre avec la population aura lieu sur la rive opposée. «La confrontation ne nous intéresse pas», dit-il.
«Aucun risque sécuritaire»
Du côté des autorités, il n’y avait aucune raison d’empêcher un rassemblement traditionnellement organisé tous les deux ans. «Cette commémoration a déjà eu lieu en 2016 et 2018. En 2020, elle a été annulée en raison de la pandémie», rappelle Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS).
«La liberté d’expression et de réunion est une valeur intangible.»
En l’état, les autorités n’avaient aucune crainte quant à un risque en matière de sécurité. «La liberté d’expression et de réunion est une valeur intangible», affirmait le porte-parole, avant que les organisateurs ne décident de renoncer. Ces derniers avaient «clairement indiqué se dissocier de l’actualité politique» et ne voulaient pas «que leur rassemblement soit perçu comme une provocation».
Jointe dans la soirée de vendredi, Katia Toporkova, coordinatrice de l’événement, se dit émue. «Nous renonçons suite à des menaces, parfois même de mort, que nous avons reçues.» Alors que des appels à «infiltrer» la commémoration russe avec des drapeaux ukrainiens étaient lancés sur les réseaux sociaux, «nous ne voulons pas mettre en danger les participants, poursuit la guide touristique. Notre association n’a rien à voir avec les événements, nous souhaitions commémorer nos grands-pères morts durant la Deuxième guerre mondiale. Cette commémoration est un événement familial, pas politique. J’avais même demandé aux participants de ne porter aucun symbole du type Z.»
Dans ce climat tendu, une autre manifestation s’organise dimanche sur la place des Nations (dès 13h). Un groupement de Russes contre la guerre s’élève contre «Poutine et son régime pour avoir commis des crimes de guerre et des atrocités en Ukraine. Nos grands-pères ne se sont pas battus pour ça», écrivent ses membres.
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