Sorties livres, BDUn Mammouth en BD, le colosse Javier Cercas en polar et autres frissons
Des oeuvres monstres ce weekend pour de monstrueuses évasions en littérature policière. Mais pas que…

«Mister Mammoth», colosse solitaire transatlantique
BD De Mister Mammoth, un colosse de plus de deux mètres au visage marqué par les coups, on dit qu’il est le meilleur dans sa partie. Détective privé, ce mystérieux solitaire à l’apparence bourrue élucide les affaires les plus compliquées en quelques heures. Quand un milliardaire ayant fait fortune dans l’industrie technologique fait appel à lui pour une affaire de chantage, il relève néanmoins le défi.
Car derrière la banalité de ce cas pourrait se cacher autre chose… Création transatlantique, «Mister Mammoth» est signé par Matt Kindt au scénario, pour le dessinateur français Jean-Denis Pendanx. Auteur d’une œuvre protéiforme, l’Américain livre une intrigue alambiquée, en ne dévoilant que par bribes différents éléments sur son héros. Suite et conclusion de ce polar seventies bien noir fin juin. PMU
«Mister Mammoth»
Matt Kindt et Jean-Denis Pendanx
Ed. Futuropolis, 56 p.

«Indépendance», la suite des aventures de Melchor

Roman noir Après «Terra Alta», Javier Cercas creuse la veine noire avec l’envergure venue de son expertise romanesque et politique. L’un et l’autre, indissociables chez le militant espagnol, se conjuguent dans un inspecteur de police ouvragé pour s’inscrire dans l’histoire. Déplacé de sa province à la capitale, Melchor Marín, justicier obstiné, ancien repris de justice, négocie ce flirt avec le réel, vieille obsession de l’auteur.


Comme chez Simenon ou Montalbán, le flic se démène avec son âme autant qu’avec son affaire, ici un cas de sex-tape dans la haute-bourgeoisie catalane et ses rejetons élevés dans la soie. Dans les milieux interlopes de Barcelone, un même esprit de caste prédomine entre les caïds et les macs dans une familiarité étrange que Javier Cercas tisse avec science. A suivre. CLE
«Indépendance»
Javier Cercas
Éd. Actes Sud, 340 p.

Sacré Blaireau qui veut pêcher les monstres!

Jeunesse Olivier Desvaux écrit et dessine par monts et par vaux, et même par les forêts… Peintre contemplatif la plupart du temps, ce Normand de Rouen s’est lancé en littérature jeunesse avec le même sens du paysage qui marque ses tableaux à l’huile d’à-plats denses à la limite de l’abstraction. Encore heureux que dans les aventures des Amis du Bois sans mousse, ces solitudes se trouvent peuplées de personnages chahuteurs.

Pour sa deuxième partie de campagne, l’artiste se concentre sur une partie de pêche. Sous le chapeau de Blaireau couvent des rêves de grandeur, vite moqués par son copain Renard. Qu’importe, l’animal est persuadé qu’une baleine fraie dans ces eaux… Quand il sort une carpe de l’étang, la dodue demoiselle, soucieuse de ne pas finir en friture, commence à sortir son baratin. Et comme dans les fables de La Fontaine, Blaireau cède à l’appât du gain. Une intrigue à la construction parfaite, un dessin à la séduction innovante: que vouloir de plus? Telle est la question justement! CLE
«Blaireau et le monstre de l’étang»
Olivier Desvaux
Ed. Didier Jeunesse, 32 p.
Sombre nuit et lumineux personnages

Thriller Camille, mère d’un enfant handicapé, cuisine et fait le service comme toutes les nuits au «Péché gourmand», un café proche de l’autoroute. Elle n’a pas voulu baisser le store, même si un tueur en série rôde. De l’autre côté de la rue, quelqu’un l’observe travailler, discuter avec Noam, ancien professeur irakien reconverti en vigile. Survient un étrange personnage. Le tueur?
Dans ce huis clos nocturne, chacun protège ses secrets. Si l’on sait toujours quelle heure il est, le reste n’est que faux-semblants, car tout le monde ment. «Les inexistants», ce sont ces vies de l’ombre qui s’activent pour gagner de quoi survivre. Ce sont aussi ces disparus qui hantent les personnages. Dans un récit haletant, la romande Catherine Rolland fouille ce monde de la nuit, de la tristesse, du renoncement, sans pour autant virer au noir complet, grâce à l’humanité de ses personnages. CRI

«Les inexistants»
Catherine Rolland
BSN Press, 256 p.
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