Un duel routier oppose le Canton à Plan-les-Ouates
La Commune veut faire enterrer un projet de route cantonale. L'Etat lui tend la facture.

C'est un trou de verdure où chante une rivière et coassent des batraciens protégés par une ordonnance fédérale. Sur les hauts de Plan-les-Ouates, les riantes rives du nant de la Bistoquette pourraient voir déferler une route cantonale. Mais la Commune résiste et le Canton réplique avec une facture.
Le tout s'inscrit dans le projet de Genève-Sud, reliant la frontière (route de Pierre-Grand) à la demi-jonction autoroutière de Lancy-Sud que l'Etat et la Confédération veulent ajuster d'ici à 2025 pour y permettre tous les mouvements de trafic. Le nouvel axe comporterait deux segments, l'un sur Troinex, l'autre sur Plan-les-Ouates.
Les études rendues en 2016 prônaient un axe en surface à 29 millions de francs. Pressentant un tollé, l'Etat a proposé un compromis avec une version semi-enterrée, avec cinq brefs tronçons en tranchée couverte (coût: 77,5 millions). S'y ajoutent les 33 millions de contribution genevoise au chantier autoroutier. Mais le Canton a posé la condition d'une aide des deux communes touchées et de quatre autres qui verraient leur trafic baisser grâce au projet (Bardonnex, Carouge, Veyrier et Lancy). De janvier à mai, leurs Conseils municipaux ont voté leurs oboles, totalisant plus de dix millions. Des communes ont posé des conditions. Ainsi, Veyrier a pris ses précautions, craignant un essor du trafic sur son sol, entre le nouvel axe et le pont de Sierne.
Une commune exigeante
Dernière à voter, le 23 mai, Plan-les-Ouates a haussé le ton. Doublant la mise attendue d'elle en posant sur la table 5,5 millions, la Commune exige que le tronçon franchissant son territoire soit entièrement enterré, plutôt que partiellement. Craignant de subir un trafic accru, elle réclame que l'axe ne se raccorde pas à la route existante de Saconnex-d'Arve. Cela revient à demander une variante deux fois plus chère que ce que propose l'Etat, qui verrait de plus les frais d'exploitation annuels à sa charge bondir d'un million.
Outre ces surcoûts, le Département des transports est critique face à ces exigences. Une route entièrement enterrée force à prévoir des sorties de secours munies d'accès routiers pour les urgences, ce qui marquerait le paysage, relève le département. Lequel souligne aussi que l'absence de connexion à la route de Saconnex-d'Arve priverait de desserte les nouveaux quartiers de La Chapelle et des Sciers et surchargeait la route du Camp.
Des millions requis en plus
Le Canton propose toutefois un marché à Plan-les-Ouates. Avec une double proposition. Le supplément financier que la Commune a voté pourrait servir à prolonger d'une quarantaine de mètres les souterrains prévus sous son sol. Ou alors, si elle persiste à réclamer une route totalement inhumée, on attend d'elle 20 millions de francs en plus. Une réponse est exigée ce mois encore. Motif: l'Etat doit coordonner son agenda avec celui de Berne.
Un délai difficilement tenable, selon le maire Thierry Durand. Hostile à titre personnel au projet routier, cet élu Vert peine à prévoir quelle sera la réaction du Conseil municipal. «Il y a beaucoup de défiance envers le Canton, résume-t-il. La plus-value de ce projet pour Plan-les-Ouates est discutable: la nouvelle jonction risque de nous submerger de voitures cherchant à fuir les bouchons autoroutiers.»
Et un apport de 25 millions? «Ce serait totalement déraisonnable, juge celui qui est chargé de la Mobilité et des Finances. C'est le double de nos investissements de cette année. Plan-les-Ouates va devoir en outre équiper de nouveaux quartiers, avec des recettes en baisse, en raison de la nouvelle imposition des entreprises.»
Qu'en dit le ministre cantonal des Transports? «En cas de version enterrée, on attend au moins 25 millions de Plan-les-Ouates, souligne Luc Barthassat. L'argent versé par les autres communes serait dédié à la partie troinésienne du tracé. Novatrice, cette démarche montrerait au Grand Conseil que tout le monde participe. Dans cette région sensible du point de vue paysager, l'Etat réaliserait un projet amélioré, grâce à l'appui des communes.»
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