Développement durableUn détergent pour faciliter et dépolluer les tâches ménagères
Karim Bakhti a créé une solution de nettoyage multi-usage à base d’ingrédients biodégradables. Il compte lancer la production au mois de mars.

Le monde est en feu. Un colibri puise seul de l’eau goutte à goutte et la jette sur les flammes. Les autres animaux de la forêt, tétanisés, lui demandent: «Comment penses-tu éteindre le feu avec ton minuscule bec?» Ce à quoi le colibri répond: «Je fais ce que je peux.» Galvanisées par le vaillant volatile, toutes les bêtes commencent à s’activer et parviennent à éteindre l’incendie.
Ce conte amérindien, repris par diverses mouvances écologistes, a inspiré Karim Bakhti. C’est un ami qui lui a soufflé le nom du produit de nettoyage multi-usage qu’il développe: «Colibrille». «Comment puis-je amener ma pierre à l’édifice?» s’est demandé le Genevois de 34 ans après l’arrivée du Covid. Alors à la recherche d’un emploi, il pense d’abord lancer une entreprise de nettoyage qui n’utilise que des produits biodégradables.
«Qu’est-ce qui distingue le produit pour les vitres de celui pour la salle de bains?»
«Autre manière de faire»
«Je me suis renseigné. Je me suis demandé pourquoi il y a autant de produits différents. Qu’est-ce qui distingue celui pour les vitres de celui pour la salle de bains?» Grâce à l’émission «À bon entendeur» de la RTS, il apprend que l’air intérieur peut être pollué, en partie à cause des produits ménagers. «Je suis très curieux, cela m’a interpellé. Je me suis dit qu’il devait y avoir d’autres manières de faire.»
Il prend donc la décision de créer son propre détergent biodégradable. Un défi, pour quelqu’un qui a une formation en business, complétée par un master en environnement, politique et développement à Londres, et a travaillé dans l’industrie horlogère. Il développe néanmoins la recette lui-même, qu’il fera contrôler par des chimistes.
Du sucre et de la coco composent les substances tensioactives, responsables de l’effet nettoyant. De l’huile essentielle de menthe poivrée servira de parfum. Pas de dérivé du pétrole, ni aucun «produit controversé», assure l’entrepreneur.
Zéro déchet, nettoyage «sans limite»
Le colibri vole dans toutes les directions. Le détergent Colibrille, lui, nettoie tout, assure-t-il: linge, vaisselle, salle de bains, vitres, etc. «Il n’y a pas vraiment de limites.» Le liquide sera contenu dans une bouteille d’un litre et vendu avec cinq autres plus petites. Celles-ci seront graduées afin de diluer le détergent dans de l’eau, le dosage variant selon la cible.
La volonté de respecter l’environnement se retrouve aussi dans l’emballage et la distribution. Les bouteilles – en verre, pour se passer du plastique – seront réutilisables. Il devrait être possible de les recharger en magasin ou directement chez soi, par l’entremise d’une entreprise de vélos-cargos. Celle-ci devrait d’ailleurs s’occuper de la livraison depuis le lieu de production, l’entreprise sociale Pro Genève à Plan-les-Ouates, aux points de vente, des épiceries locales.
Pénurie de matières premières
Financé par une récolte de fonds participative et des précommandes, Colibrille devrait arriver sur le marché au premier trimestre. Karim Bakhti espère lancer la production d’ici à quelques semaines, sans avoir pu débuter plus tôt. La faute aux pénuries dans la chaîne d’approvisionnement. «Les imprévus, il faut s’y faire, on me l’a assez dit, explique-t-il. L’entrepreneuriat, c’est une grosse responsabilité. Mais c’est très excitant et très prenant. Il y a une bonne pression.»
Du reste, l’entrepreneur se réjouit d’avoir rencontré un premier succès: en 2021, son projet a remporté le Prix du public d’IDDEA, qui récompense des initiatives genevoises de développement durable.
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