Votations fédérales du 13 févrierUn comité de droite rejette l’aide aux médias
Des parlementaires craignent pour l’indépendance des médias en cas d’acceptation dans les urnes du train de mesures en leur faveur.

En tant que quatrième pouvoir, les médias ont pour tâche de surveiller les autorités. Un comité parlementaire de droite rejette toute subvention directe qui minerait leur indépendance. Il plaide pour le rejet le 13 février du train de mesures en faveur des médias.
«La diversité et la qualité doivent être le résultat de la concurrence. Cette tâche ne saurait être déléguée à la Confédération», selon le conseiller national Gregor Rutz (UDC/ZH) pour l’alliance bourgeoise qui soutient le comité référendaire.
La diversité médiatique est importante pour la démocratie. Mais le secteur doit et peut résoudre les défis structurels actuels «de manière indépendante et sous sa responsabilité», abonde la conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD).
Changement radical
Selon elle, l’aide indirecte actuelle qui passe notamment par une distribution postale à un prix réduit est un instrument adéquat. Avec la nouvelle loi, le soutien, qui passera de 136 millions de francs à 287 millions, représente un changement de paradigme.
L’aide directe aux médias crée de nouvelles dépendances par rapport à l’État, d’après Manfred Bühler. L’ancien député UDC bernois rappelle les abus de l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, accusé d’avoir acheté des sondages manipulés avec des fonds publics. «Cet exemple nous donne une idée de ce que nous pouvons attendre de l’introduction d’une aide publique directe aux médias».
Contrepoids crédible
L’indépendance journalistique est essentielle. «Seul un média indépendant des pouvoirs publics peut assumer son rôle de quatrième pouvoir. Ce n’est qu’à cette condition que les médias peuvent faire réellement contrepoids au pouvoir des puissants», martèle Philipp Kutter (Centre/ZH). En outre, la politique peut influencer non seulement les contenus des publications mais aussi les décisions entrepreneuriales.
Plusieurs de ces élus redoutent aussi que l’argent ne profite pas aux petits journaux régionaux, mais revienne directement aux grands éditeurs, en raison de la concentration croissante du secteur. Ce soutien est aussi inégalitaire selon eux, puisqu’il sera accordé uniquement aux médias payants. Il nuit enfin aux formats innovants susceptibles d’émerger.
La tâche de l’État doit se limiter à définir des conditions-cadres sans intervenir dans la concurrence économique, estime le comité «Non au train de mesures en faveur des médias». Cette alliance compte plus de 90 parlementaires actifs et anciens des rangs du PLR, du Centre, de l’UDC, de l’UDF et de la Lega.
ATS
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.