Histoire localeUn chemin autour des héros de la Résistance
Thônex vient d’inaugurer un parcours pédestre passionnant sur les passages clandestins lors de la Deuxième Guerre mondiale.
«Les gens qui sont nés dans les années 1930-40 sont en train de partir, et avec eux une mémoire est en train de se disperser», avance Marc Kilcher, maire de Thônex. C’est pour cela que la commune a voulu créer un chemin mémoriel le long de la frontière française, au bord du Foron.
Onze bornes d’acier corten informent désormais les promeneurs des conditions de vie lors de la Deuxième Guerre mondiale, avec des anecdotes passionnantes sur les passages clandestins, la contrebande et bien d’autres thématiques. «Cela montre les contraintes de la vie quand les frontières se ferment, car aujourd’hui c’est un concept très abstrait dans la vie des gens, même s’ils ont pu l’expérimenter lors de la crise du Covid, reprend l’élu PLR. Comprendre l’histoire, cela permet de créer du liant et de s’identifier à la région. Surtout pour les nouveaux arrivants du quartier de Belle-Terre.»
Mille anecdotes
La zone sud de la balade est sans doute la plus romantique, avec le hameau de Fossard, et plus bas ses champs de blé aux coquelicots et ses fleurs de marronnier odorantes (pour peu que l’on daigne s’en approcher).

Grâce au travail des historiens Claire Luchetta et Christophe Vuilleumier, on découvre mille anecdotes. Entre autres que la frontière n’est pas au milieu du cours d’eau comme on pourrait le croire, mais au sommet de la berge suisse. Que la contrebande concernait notamment le beurre, le sucre, le café et le tabac. Que deux douaniers qui ont secouru des enfants transis de froid qui franchissaient la rivière ont échappé de peu au Tribunal militaire. Ou encore que le mime Marceau accompagnait de temps à autre des enfants juifs dans le train de Limoges à Annemasse, tentant de leur faire oublier leurs angoisses à l’idée de franchir clandestinement la frontière.
La contrebande pour aider
On lit aussi l’histoire d’un curé, Gaston Desclouds, impliqué dans l’espionnage, qui utilisait les bénéfices de la contrebande pour aider les personnes dans le besoin. Des textes courts et attractifs, car «l’attention du promeneur pour la lecture est assez faible». Une version plus longue et complète sera disponible sur le site de Thônex.
Attention, la signalétique n’est pas encore en place et le parcours d’un point à l’autre peut devenir fastidieux par endroits. Un code QR renvoie à un plan détaillé en ligne. À noter que les vélos sont interdits sur une portion du chemin, qui longe des propriétés privées.
D’ici à la rentrée scolaire, du matériel pédagogique sera prêt à destination des classes. Et une association mémorielle devrait être créée d’ici au deuxième semestre. «Elle visera à récupérer tout ce qui peut l’être chez des privés: de vieilles photos, de vieux carnets d’agriculteurs, etc.»
Thônex espère faire des émules et lance un appel aux autres communes, comme Veyrier, pour poursuivre cette démarche sur leur propre territoire.

Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.