Festival en ligneUn aller-retour pour le pays de la traduction littéraire
Le 2e festival aller↔retour devait se tenir à Fribourg. Crise oblige, ce samedi, on y accédera gratuitement, toute la journée depuis chez soi, même en touriste, pour enfin connaître les enjeux de la traduction en pays multilingue.

Voilà peut-être une vertu inattendue de la crise sanitaire: ouvrir l’accès du grand public à un domaine d’ordinaire confidentiel. Avouons-le, le festival biennal de traduction et de littérature «aller↔retour», dont la 2e édition a lieu ce samedi 6 mars dans l’espace culturel du Nouveau Monde à Fribourg, n’aurait peut-être pas drainé des foules en présentiel. Retransmis en direct sur le site de la Fondation pour la collaboration confédérale qui le chapeaute, en revanche, il pourrait bien les attirer virtuellement. Et promouvoir ainsi le métier méconnu de traducteur, à mi-chemin entre activité artisanale et production artistique. On n’a ni à se déplacer ni à justifier son statut de profane, il suffit de cliquer, d’explorer en touriste, de tendre l’oreille et de revenir moins bête de l’aller-retour.
Le voyage fait d’autant plus sens en Suisse, où, «sans traduction, on ne se comprendrait tout simplement pas entre régions linguistiques», note la cheffe du projet, Tanja Pete. Laquelle espère évidemment, par le biais du festival, inciter les Helvètes à lire davantage les auteurs autochtones. Son objectif premier consistant à valoriser l’élaboration passionnante du thème et de la version: «Je constate que la littérature traduite est souvent stigmatisée au profit d’une lecture dans la langue originale. On estime à tort que la première n’égale pas la seconde.»
Programme
Quelle forme revêtira donc sur l’écran la défense et illustration de cette pratique injustement ignorée? Variée: avec des conférences diffusées en continu et des ateliers interactifs sur Zoom, ainsi que des tables rondes et discussions. L’équilibriste Marion Graf fera notamment lecture des «Cubes danubiens» qu’elle a translatés de l’allemand, en présence de l’auteure source, Zsuzsanna Gahse. Au nombre des thèmes abordés par les auteurs, traducteurs et lecteurs, même béotiens, on piochera entre les algorithmes de la traduction automatique, les lois régissant une transposition pour la scène (avec Massimo Furlan et Geneviève Pasquier entre autres), la langue des images, ou les moyens de rendre la tension d’un polar. Sans oublier ce sucre qu’est l’exercice collectif, durant lequel chacun pourra participer à une traduction en direct.
En fin de journée, juste avant un débat sur le racisme et l’intégration sur notre territoire, on assistera à la remise des prix couronnant un concours de traduction poétique destiné aux non-professionnels et aux élèves du secondaire II. La diversité des critères retenus par le jury – musicalité, audace, précision, cohérence et langue – en dit long sur la richesse de la matière.
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Il serait aussi très intéressant d'avoir des ouvrages bilingues