L’Amérique ne fait plus vraiment rêver. Ces jours tout particulièrement. Il y a exactement une semaine, la Cour suprême révoquait le droit à l’avortement en annulant l’arrêt Roe v. Wade de 1973, véritable marqueur du progrès social américain. La décision fait suite à des affrontements sans fin et de plus en plus brutaux entre pro et anti-avortement. Et elle injecte une nouvelle dose de violence exacerbée dans une guerre politique et de religion qui fracture le pays plus profondément que jamais.
Le sang était encore poisseux quand une deuxième bombe a secoué le pays mardi dernier. C’est Cassidy Hutchinson, 25 ans, assistante de Mark Meadows, chef de cabinet de Donald Trump, qui a allumé la mèche. Témoin surprise des auditions sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, la jeune femme, qui a vécu les événements à la Maison-Blanche, a confirmé les pires hypothèses sur le rôle de Trump dans l’insurrection et a décrit des comportements sidérants qui font douter de la stabilité mentale du président.
D’après le témoignage de l’assistante, Trump savait que les assaillants étaient armés et voulait lui-même participer à l’assaut du Capitole où était réuni le congrès in corpore pour valider les résultats des élections. Après avoir mis le feu aux poudres avec son fameux discours, le président a rejoint sa limousine blindée. Une fois en route, il aurait tenté de prendre le volant, écartant le chauffeur, et se soustrayant aux ordres de l’agent de sécurité qui avait ordonné, vu le chaos, de retourner à la Maison-Blanche. «Je suis le putain de président», aurait hurlé Trump à bout de nerfs, sans arriver à s’imposer.
À la Maison-Blanche, l’inquiétude était plus que palpable le 2 janvier déjà: «Ça pourrait très très mal tourner le 6 janvier», aurait lâché le conseiller de Trump. Ce dernier savait, complotait et ne se maîtrisait plus. L’assistante a décrit avec soin le ketchup dégoulinant sur un mur de l’aile ouest, l’œuvre du président qui, rageur, avait lancé son assiette contre le mur lorsqu’il apprit que l’enquête du procureur général avait écarté la thèse de fraudes électorales massives.
Le témoignage de Cassidy Hutchinson révèle un homme totalement hors de contrôle qui ne poursuit qu’un seul et unique objectif: satisfaire son incommensurable ego et soif de pouvoir.
Près de deux ans après sa non-élection, Donald Trump continue de peser lourdement sur le destin du pays. La révocation du droit à l’IVG est le fait d’une Cour suprême transformée en repère ultraconservateur par la grâce des nominations du républicain. Et le 6 janvier restera dans l’histoire comme le jour où la guerre civile a (presque) éclaté. Une date (presque) à la mesure symbolique du 11 septembre qui a marqué le début d’une guerre sanglante contre le terrorisme.
Bien qu’interdit de Facebook et Twitter, l’ancien président continue donc de faire l’actualité. À la lumière de son mandat présidentiel et encore davantage depuis, Trump mérite de rejoindre la place qui lui revient: les poubelles de l’histoire. Au lieu de cela, il se profile déjà comme futur président des États-Unis. Inimaginable sous nos latitudes, cette option n’est pas exclue au pays des extrêmes. Pour bien des républicains en quête d’un champion, Trump reste la meilleure arme pour reconquérir le pouvoir. «Will Trump run?» Trump sera-t-il candidat? Le «Washington Post» a posé la question à douze de ses chroniqueurs politiques. C’est oui à sept contre cinq. Mais ils rappellent que Trump a déjoué tous les pronostics, y compris les leurs, lors de la présidentielle 2016. Trump est imprévisible. On le sait. Aujourd’hui, on a aussi la preuve qu’il est dangereux.
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Chronique – Trump, un dangereux fou furieux. Le retour?