Donald Trump avait prévenu: la journée de mercredi serait «folle», il a tenu parole. Pressions répétées sur son vice-président Mike Pence pour qu’il rejette le vote des grands électeurs. Insultes aux élus de son propre camp – «minables» et «faibles» – prêts à certifier la victoire de Joe Biden. Et l’impensable: supporters encouragés à investir le Capitole pour faire barrage au Congrès et «sauver l’Amérique» des «extrémistes de gauche» qui lui ont volé sa victoire. Une croisade délirante pour empêcher le clap final de l’élection et obtenir par l’intimidation et la violence ce qu’il n’a pu gagner dans les urnes ni devant les tribunaux.
«Une croisade délirante pour obtenir par l’intimidation et la violence ce qu’il n’a pu gagner dans les urnes ni devant les tribunaux.»
Le 20 janvier 2017, lors de son discours d’investiture, Donald Trump avait promis de mettre fin au «carnage américain», décrivant – devant un Barack Obama stoïque – un pays ravagé par la pauvreté, la criminalité et des élites corrompues. Quatre ans plus tard, il laisse une démocratie en lambeaux, qui n’a résisté que grâce au sursaut de civisme et de rationalité de quelques élus républicains. Dans une Amérique où dix anciens patrons du Pentagone – républicains et démocrates – ont dû monter au front pour s’opposer à l’utilisation de l’armée et de la loi martiale, envisagées par Donald Trump pour s’accrocher au pouvoir.
On ne s’attendait pas à de la dignité de la part d’un président qui a toujours méprisé les institutions démocratiques. Mais on cherche en vain une cohérence politique dans sa stratégie du pire. Une attitude qui a démobilisé une partie des électeurs républicains en Géorgie, entraînant la victoire des deux candidats démocrates et le basculement du Sénat. Un camouflet supplémentaire pour Donald Trump, aujourd’hui réduit à orchestrer un putsch présidentiel en plein cœur de Washington.
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Éditorial – Trump et le carnage