Trois Genevoises éditent de la poésie
Les éditrices Eliane Vernay, Huguette Junod et Denise Mützenberg fêtent chacune un anniversaire cette année.

Ces trois femmes se font-elles concurrence? On pourrait le supposer. Chacune a sa maison d'édition spécialisée en poésie située à Genève. Maison d'édition est un bien grand mot pour ces toutes petites entreprises portées par la seule énergie de leur créatrice.
La plus ancienne porte le nom d'Eliane Vernay, qui l'a fondée il y a quarante ans. Viennent ensuite les Editions des Sables, créées il y a trente ans par Huguette Junod. La troisième «maison» est celle de Denise Müzenberg, qui édite depuis vingt-cinq ans à l'enseigne de Samizdat. Cela signifie autoédition en russe.
En fait, étant poétesses toutes les trois, elles s'éditent les unes les autres. Elles sont donc très copines. Denise Mützenberg a par exemple publié «Le choix de Médée» qui a valu à Huguette Junod le Prix des Ecrivains genevois en 2008. Eliane Vernay se trouve au nombre des auteurs figurant dans «L'anthologie des Sables», qu'Huguette Junod vient de faire paraître pour son 30e anniversaire.
Eliane Vernay a lancé ses éditions en 1977. «C'était un âge d'or pour la poésie à Genève», se souvient l'éditrice. «La presse réagissait à nos parutions, les librairies aussi. On parlait de nous. On n'a jamais beaucoup vendu, mais l'édition poétique était mieux considérée en ce temps-là.»
«Aujourd'hui ça a bien changé», confirme Huguette Junod. «On nous prend un exemplaire en librairie en nous disant qu'on pourra en apporter un autre quand le premier sera vendu. Il ne faut surtout pas occuper de la place s'il n'y a pas de rentabilité, c'est ainsi.»
«J'avais décidé d'arrêter d'éditer en 1997», confie Eliane Vernay. «Et puis je suis revenue l'an dernier avec les derniers poèmes d'Albert Py, sous le titre de «Ultima Thulé». Désormais, je ne veux publier qu'un livre par an.»
Ecrire, publier et lire de la poésie, c'est un acte de résistance», affirme Huguette Junod. «Si chaque poète achetait la production des autres, on s'en sortirait peut-être», suggère Denise Mützenberg. «Dommage que les poètes soient surtout attirés par leur propre poésie», constate Eliane Vernay. «Heureusement qu'il y a quelques lecteurs passionnés, peu nombreux, mais qui nous suivent», se félicite Huguette Junod, avant d'ajouter: «Il n'y a pas d'argent à gagner dans ce secteur; quand nous lançons un titre, nous sommes heureuses qu'il ne nous en fasse pas perdre, c'est tout!» Les éditrices grappillent pour cela des aides publiques ou privées selon les cas.
«Dans bien des pays, se publier soi-même est tout à fait normal, mais ici c'est mal vu», regrette Denise Mützenberg. Son anthologie de la poésie grisonne «Aruè», en français et en romanche, a paru en 2015 dans sa propre maison Samizdat. «C'est pour m'éditer moi-même que j'ai créé les Editions des Sables», explique Huguette Junod. «Je venais de recevoir le Prix des Ecrivains genevois 1987, mais je n'avais pas trouvé d'éditeur.»
La faible diffusion des œuvres poétiques et la modestie des tirages ne découragent pas les vocations. «On reçoit beaucoup de textes», reconnaît Denise Mützenberg. Huguette Junod confirme.
Quant aux prix littéraires, ils sont un encouragement pour nos trois poétesses et leurs auteurs. Tout récemment, le recueil de Stéphanie de Roguin «Pas le temps de courir», paru aux Editions des Sables, a reçu le Prix des Ecrivains genevois 2016.
Les trois éditrices seront présentes du 26 au 30 avril au Salon du livre, sur le stand du Cercle de la librairie et de l'édition.
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