Nouveautés discographiquesTrois albums pour la touche «play»
De la musique de la Renaissance au jazz hybridé, en passant par du bon rock, voici de quoi honorer les pavillons auditifs ce week-end.
Madrigaux à Mantoue

Nous voici plongés, avec ce choix ciblé de pièces du prolixe Giaches de Wert, au cœur de la cour des Gonzague de Mantoue, qui a connu son apogée durant le XVIe siècle. Ces madrigaux tardifs en sont les témoins, qui brillent par le raffinement de l’écriture vocale et la délicatesse des accompagnements instrumentaux. Pour empoigner ce corpus, on retrouve un ensemble qui le fréquente sur les scènes depuis 2014 déjà et qui a consacré plusieurs années de recherches avant d’arrêter un choix définitif sur les ouvrages à graver, tous centrés sur la thématique amoureuse. Ce long travail de sédimentation s’entend: l’ensemble Voces Suaves – qui est né à Bâle – affiche une remarquable maîtrise technique et un sens abouti de l’expression. Une éloquence brillante, à la hauteur de ce beau répertoire. RZA
«Versi d’amore», Giaches de Wert. Ensemble Voces Suaves. Arcana
Du jazz rasta

Samuel Blaser nous avait plutôt habitués à des collaborations avec de distingués vétérans de la note bleue comme Daniel Humair, Paul Motian ou Michel Portal. Le talentueux tromboniste de La Chaux-de-Fonds signait aussi en leader des albums affûtés et inventifs. Avec «Routes», on le retrouve du côté «rasta vibration» de la force. Rares sont les jazzmen qui parviennent à concilier leur art à celui du reggae. Les Jamaïcains Monty Alexander ou Ernest Ranglin en sont. Recrutant Alex Wilson au clavier, Ira Coleman à la basse et Dion Parson à la batterie et invitant le saxophoniste Soweto Kinch et la chanteuse Carroll Thompson, le musicien livre un album éclaboussé d’énergie. Le légendaire producteur Lee «Scratch» Perry avait donné son accord pour donner sa version dub, il n’a eu le temps de travailler que sur 2 titres. Jah! BSE
«Routes», Samuel Blaser. Enja/Blaser Music
Le rock des revenants

Billy Corgan, seul membre permanent de l’histoire des Smashing Pumpkins, a toujours confessé un goût coupable pour les pires monuments du rock progressif. Si son vaisseau, aux plus glorieuses heures de sa course (fin des années 90), ne fut pas toujours imperméable à cette infection, il en laisse désormais entrer les germes par tous ses interstices: on disait le groupe mort, voici un triple album! Paroles hermétiques, morceaux huilés à l’emphase nanarde, riffs d’ouvertures sur synthés intergalactiques, voix corrigées à l’autotune (discret) pour une impression de chrome digital généralisé. Avec désormais un look quelque part entre Raël et Obélix, le génial auteur de «Disarm» et de «1979» se perd plus que jamais dans le cosmos et égare en route les ultimes fans qui espéraient un retour d’inspiration de ce groupe majeur du rock américain. FBA
«ATUM», Smashing Pumpkins. Martha’s Music
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