Inventer et expérimenter de nouveaux modèles économiques créateurs d’emplois, c’est ce que vise le revenu de transition écologique (RTE). Déjà implanté en France, cet outil à disposition des politiques publiques pour accélérer la transition commence à faire sa place en Suisse. Contrairement à un revenu de base inconditionnel dont il pourrait être un lointain cousin, le RTE comprend trois caractéristiques: premièrement, son octroi monétaire est conditionné à une activité à impact écologique et social. Quitte à créer de nouvelles activités pérennisées en emplois rémunérés, autant les inscrire directement dans le respect des limites planétaires.
Deuxièmement, le RTE comporte un volet de formation. Si une agricultrice souhaite renoncer au glyphosate, elle aura besoin, outre d’un soutien financier, de se former à une autre technique plus favorable au maintien de sols sains. Il en va de même pour un architecte qui voudrait se lancer dans une activité en biosourcé, ou une chimiste dans la confection de cosmétiques moins chargés en perturbateurs endocriniens. Pour commencer un métier, en changer ou le déployer à une autre échelle, le besoin d’accompagnement s’impose. D’où l’importance d’acquérir la bonne formation.
«Déjà implanté en France, le revenu de transition écologique (RTE) commence à faire sa place en Suisse.»
Enfin, dans sa troisième composante, le RTE induit une mise en réseau dans des coopératives de transition écologique composées par exemple d’associations, d’entreprises et de collectivités publiques. Produire des légumes de saison, construire des panneaux solaires, inventer un vélo cargo de réparation à domicile, cela contribue à une activité à impact positif. Mais mutualiser ces productions, constructions, inventions au sein d’une structure économique commune permettant des échanges accélérés et de nouveaux débouchés d’offre et de demandes, cela est encore mieux écologiquement et sociétalement parlant. C’est aussi la clé pour accorder aux projets un financement temporaire qui doit les conduire à la solidité économique.
Trois coopératives de ce type sont déjà actives en France, et une en cours de constitution dans la commune genevoise de Meyrin. Dans ces entreprises d’un genre nouveau, créatrices d’emplois nouveaux grâce au RTE, la production de denrées alimentaires, par exemple, peut se suivre dans un cercle vertueux depuis les champs jusqu’aux restaurateurs, en passant par les cantines scolaires, les épiceries locales, les associations et autres collectifs publics ou privés qui font partie de la même coopérative.
En d’autres termes, si le RTE est un outil intéressant c’est par son positionnement: entre aide au départ d’une activité nouvelle au niveau individuel, renforcement de l’activité économique locale et accélérateur de transition écologique au niveau sociétal. Donc une approche qui fédère et suscite un intérêt croissant dans le paysage politique, des Verts jusqu’au Centre.
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L’invitée – Transition écologique et création d’emplois
Déjà implanté en France, le revenu de transition écologique suscite un intérêt croissant dans le paysage politique suisse, des Verts jusqu’au Centre.