Traitement des poux: des conseils contradictoires
Alors qu'une «clinique» spécialisée va voir le jour à Genève, le point sur la jungle de consignes.

C'est une première dans le canton: une «clinique» privée spécialisée dans le traitement des poux devrait ouvrir ses portes à Genève dans quelques semaines (lire ci-contre). Nous mettons le terme entre guillemets car il n'est pas protégé. Pour ceux qui préfèrent se débrouiller seuls sans passer par un service commercial, les recommandations du Département de l'instruction publique (DIP)* et celle des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG)* se rejoignent dans les grandes lignes mais sont parfois paradoxales, notamment sur l'ordre de traitement. Les voici comparées pour que chacun puisse se faire sa propre opinion.
Dans les points d'accord: la nourriture et le cycle de vie. Les poux se nourrissent de sang. Leur cycle de vie dure environ trois semaines. Le DIP précise qu'après la ponte des œufs, il faut 7 à 10 jours aux poux pour naître, et encore 7 à 10 jours pour devenir adultes et se reproduire. Ils meurent en deux à trois jours en dehors des cheveux.
Produits préventifs déconseillés
«Il n'existe à ce jour aucune preuve scientifique de l'efficacité des produits préventifs, explique Chantal Veyron Rapp, médecin au Service de santé de l'enfance et de la jeunesse. Souvent, ils coûtent cher, d'autant que pour prévenir, il faudrait en mettre tout le temps.» Les HUG déconseillent également tout traitement préventif.
Sur les points suivants, les avis peuvent diverger.
Faut-il tout laver à 60°?
Selon les HUG, il faudrait laver à 60° «vêtements et textiles (oreillers, peluches, etc.) qui ont été en contact avec la tête de la personne infestée les trois jours précédant le traitement». Ou les passer quinze minutes au sèche-linge à chaud. Surtout les accessoires comme les bonnets et les écharpes. Il est aussi indiqué que «les effets personnels non lavables doivent être isolés dans un sac plastique pendant trois jours au moins».
Mais selon la brochure officielle du Service de santé de l'enfance et de la jeunesse, ces précautions ne sont pas nécessaires. «Ce choix a été fait d'expérience, explique Chantal Veyron Rapp. Demander à une famille de laver lors de chaque traitement le linge à 60° demande beaucoup d'énergie et de temps. Notre philosophie c'est de se concentrer sur la tête, c'est plus efficace.»
Par quel produit commencer?
Aucun produit n'est remboursé par l'assurance de base, et ils sont en vente libre.
Dans la brochure du DIP, «nous conseillons d'abord le peigne fin puis un produit mécanique, contenant du diméticone, qui étouffe les poux, argumente Chantal Veyron Rapp. Les produits chimiques n'interviennent qu'en deuxième ligne car des résistances sont apparues.»
Selon le document des HUG, c'est l'inverse! Les produits contenant malathion et perméthrine sont utilisés en premier choix: ce sont «les traitements les mieux validés (…); en absence de données en Suisse sur d'éventuelles résistances (ndlr: elles sont documentées en France), ils restent à utiliser en première intention». Et ceux avec du diméticone en second choix: «les produits à base de diméthicone n'ont pas fait l'objet d'études suffisantes pour les recommander en première intention. L'activité ovicide est meilleure pour le produit à haute concentration de diméthicone (Pedicul hermal).»
Pourquoi cette différence? «Nous sommes en train d'actualiser ce document qui date de 2011, explique la Dre Laurence Toutous-Trellu, dermatologue spécialiste des maladies infectieuses aux HUG. On va intervertir l'ordre de traitement. On l'avait écrit de cette manière car à l'hôpital nous sommes souvent confrontés à des cas complexes, des formes extrêmement profuses et rebelles, par exemple avec des personnes âgées laissées seules. On n'intervient pas en première ligne comme les pédiatres ou les infirmières scolaires.» Ainsi elle recommande de réserver l'usage des antiparasitaires aux atteintes extensives.
À noter que l'efficacité des produits à base d'huiles essentielles est mal documentée dans la littérature.
Faut-il laisser agir plus longtemps?
Faut-il dépasser le temps de pose indiqué dans les notices, par exemple toute la nuit? «On conseillera de suivre le mode d'emploi, pour prévenir des irritations», préconise Chantal Veyron Rapp. De leur côté, les spécialistes des HUG écrivent que «le temps de contact optimal du Malathion (ndlr: nom d'un principe actif) est de douze heures et pas dix minutes comme recommandé par le fabricant». Encore une fois, cet antiparasitaire est réservé aux cas de résistance confirmée.
*Brochure officielle du Service de Santé de l'enfance et de la jeunesse
*Document des HUG (Attention l'ordre de traitement n'est plus à jour)
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