Épicerie genevoise de proximitéTout Local, nouvelle caverne d’Ali Baba du terroir
Une boutique vouée aux bons produits autochtones vient d’ouvrir à Plainpalais. Elle est chouette: locavores, ruez-vous!

Il fut un temps, pas si ancien, où le locavore genevois devait transpirer pour trouver sa pitance. Il lui fallait battre les marchés et la campagne. Finasser, fureter, planifier. Puis, peu à peu, bourgeonnèrent çà et là des épiceries de proximité, qui alignaient sur leurs rayons des produits autochtones enfin réunis. Des cavernes d’Ali Baba pour gourmands exigeants, tenues bien souvent par des commerçants passionnés et militants.
Elles sont une petite dizaine aujourd’hui aux quatre coins du canton. Du Bocal Local de Saint-Gervais à Espace Terroir, à Carouge, via Nature en Vrac, Chez Mamie, Le Nid, Organy ou l’Arcade aux Eaux-Vives. Et paf: une bonne nouvelle dans ce vilain hiver. Un nouveau temple voué au saint miam de voisinage vient juste de naître. Oui, cette semaine. À Plainpalais, à un jet de perlant de la plaine.
Britannique et affable
Après avoir ouvert un premier Tout Local à Saint-Jean il y a un peu plus d’un an, le très britannique et affable Arthur lance une boutique jumelle à la rue Vignier, dans l’arcade où se nichait précisément l’échoppe éphémère des vignerons genevois l’an passé.

Il y a de l’électro en sourdine. Ce qui est rare dans les enceintes du petit commerce alimentaire. Il y a aussi un tapis, un tonneau, des frigos. Un mur tapissé de bouteilles de vin et de bière. Des charcuteries, du fromage et du lait, des pâtes, des cosmétiques, quelques légumes dans une cagette, plein de bocaux variés, des miches de pain au levain et une soupe du jour à l’emporter. Voilà pour le premier coup d’œil panoramique. Très inspirant, tout ça. Notre cabas ne restera pas vide bien longtemps.
«Excusez mon français, qui n’est pas terrible», commence l’épicier, tout sourire. «À 10 ans à l’école, comme langue vivante, j’ai choisi… l’allemand.» Cela saute aux oreilles, en effet. Il s’est installé à Genève il y a deux ans, par amour. Fils de fermier bio, Arthur a œuvré des années comme acheteur dans la grande distribution britannique. L’agriculture et le commerce, voilà donc les deux belles cordes de son arc. «J’ai toujours eu envie de monter une petite affaire indépendante, respectueuse de l’environnement et de la durabilité», explique-t-il.

En quelques mois, Arthur tisse son réseau d’artisans locaux, comme on déroule patiemment une pelote de laine. Chaque rencontre débouche sur de nouveaux contacts. Et ainsi de suite. «Aujourd’hui, je travaille avec 70 producteurs locaux, bios si possible», note-t-il avec une pointe de fierté.
Jakob et De Bleu
Le casting ressemble d’ailleurs à un Who’s Who du miam local. La boulangerie Sawerdô et Mademoiselle B sont au fournil. La fromagerie De Bleu fournit tommes et pâtes molles. Le kawa a été sélectionné par la Coffee Society lausannoise. Les mousses sont brassées par le Virage, le Père Jakob, la Source, la Pièce ou le Chien Bleu. La pâte fraîche est carougeoise (Casa della pasta); la pâte sèche est signée par l’épatante Genevoise Lady Justine. On en passe et des plus locales.
L’épicier écolo privilégie le vrac pour les légumes, céréales, produits d’entretien et même le vin: gamay et chasselas de Genève peuvent se tirer au tonnelet dans son propre flacon. Toujours au chapitre bacchique, l’enseigne privilégie les crus biologiques et vivants. Autochtones, va sans dire. L’assortiment, généreux, donne soif.
«J’ai toujours eu envie de monter une petite affaire indépendante, respectueuse de l’environnement et de la durabilité»
Un détail enfin, chacune des étiquettes des articles de la boutique comporte certes le nom de l’artisan, le poids et le prix. Mais aussi la distance entre le producteur et l’épicerie. Rarement plus qu’une petite dizaine de kilomètres, bien évidemment.
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