Tiercé gagnant dans la maroquinerie d'art
Christiane Murner a transmis la passion du cuir à son fils, Simon, et à sa fille, Camille. Des parcours à découvrir lors des Journées des métiers d'art, du 20 au 22 avril.

Dans la famille Murner-Dubouloz, je demande… le fils. Simon, 27?ans, est sellier sur moto. Il habille de peau ou de PVC les assises vrombissantes puis les enrichit de broderies colorées. La croix suisse sur le siège de Tom Lüthi, c'est lui. Sellier sur moto, mais pas que. Simon Dubouloz est aussi mécanicien en Grand Prix. Une semaine sur deux, il a les mains dans le cambouis, du Qatar à l'Argentine, de l'Espagne aux Pays-Bas. Le reste du temps, il travaille dans l'atelier de sa mère, Christiane, à Carouge.
Enseigner le métier
Dans la famille Murner-Dubouloz, je demande… la fille. Camille, 24?ans, a façonné sa première collection de sacs, C·C mère et fille: des cabas classieux en cuir plein fleur aux tons élégants, des pochettes et des sacoches aux détails raffinés et formes rigoureuses, des besaces astucieuses à glisser dans son dos. Maroquinière, mais pas que. Camille Dubouloz est aussi étudiante à l'Université, où elle prépare un master en psychologie.
Dans la famille Murner-Dubouloz, je demande… la maman. Chris Murner est maroquinière, installée à Carouge, à la rue Ancienne, depuis des lustres. Ses sacs à haute fantaisie ajoutée sont vite identifiés lorsqu'ils se balancent à l'épaule des Genevoises. Ou des Genevois. Exposés dans son magasin, ils sont entièrement fabriqués là, dans l'arrière-salle, ou dans l'immense atelier situé au premier étage de la maison voisine, séparée de l'arcade commerçante par l'une de ces cours pleines de charme qui sont la signature des maisons sardes du Vieux-Carouge. Chris Murner est maroquinière, et elle l'est plutôt deux fois qu'une. C'est elle qui forme les seules apprenties du canton dans le travail du cuir. «Je suis responsable de la filière sellerie-maroquinerie, qui a été relancée en 2012. Le métier tombait dans l'oubli. En six ans, j'ai formé quatre apprenties avec succès – et j'ai dû en licencier quatre, qui n'étaient pas faites pour ce travail. J'adore enseigner, transmettre. Je vois mes étudiantes s'épanouir comme des fleurs. Tous les vendredis matin, je leur donne des cours ici, dans mon atelier. Le reste du temps, elles y travaillent», détaille Chris Murner, qui met la dernière main à sa nouvelle collection, Motarde, sur laquelle elle a fait travailler Jessica Cohen, apprentie de 3e?année, et Carolyn Dumonal, en 2e?année.
Motarde? Tiens, tiens… Voilà qui nous rappelle la famille! Chris Murner: «Pour les Journées européennes des métiers d'art (JEMA), il faut mettre en avant cette année un jeune artisan. Pourquoi pas Simon?» Elle a donc fait travailler ses employées sur le thème de la moto, avec une esthétique très particulière, beaucoup de noir et des matériaux spéciaux: mousses synthétiques, caoutchouc ou pastilles réfléchissantes. «Simon m'a inspirée. Cette collection fut un défi qui m'a fait parcourir tout un chemin.» Chris porte en bandoulière un sac de cuir marron matelassé, dont la forme rappelle une selle et le long de laquelle court une fermeture éclair. «C'est lui qui m'a appris ça», admet-elle, la voix teintée de fierté. «Entre mes enfants et moi, ce sont les vases communicants!»
«Ils ont un regard»
Apparemment, la transmission se fait sans parasites. «J'ai dessiné la collection que j'avais en tête et ma mère m'a aidée à la réaliser», explique Camille. «On voulait toucher ma génération.» De fait, les créations filiales – qui portent les prénoms des amies de Camille – se démarquent bien des modèles maternels. «Elle a l'œil, elle parvient immédiatement à imaginer un objet en 3D, analyse Chris. Mes enfants ont grandi avec un père architecte, ils ont un regard.» Camille gère aussi la communication, les shooting photos, les réseaux sociaux.
Aux commandes de sa brodeuse dernier cri, achetée l'an dernier, Simon semble aussi à l'aise que sur une bécane. «J'ai besoin de créer et j'aime la mécanique, les deux me sont indispensables aujourd'hui. Comme je connais tous les garages de Genève, on me donne beaucoup de travail: des selles déchirées à réparer, des améliorations à effectuer côté confort ou des broderies pour l'esthétique. Aux coureurs de Grand Prix, j'aime bien proposer de broder le drapeau de leur pays d'origine sur le dosseret. En général, ils sont super-contents. Ce besoin de créativité, d'indépendance aussi, il me vient de ma mère.»
L'Antre-Peaux Rue Ancienne 43, Carouge, www.chrismurner.ch. Journées européennes des métiers d'art (JEMA), 20, 21 et 22 avril, www.metiersdart.ch
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