Personnalité genevoiseLe milieu immobilier sous le choc après le décès de Thierry Barbier-Mueller
Le promoteur et collectionneur d’art contemporain genevois a fait un arrêt cardiaque mardi soir à l’âge de 62 ans.

Âgé de 62 ans, le promoteur et collectionneur d’art et de design contemporain Thierry Barbier-Mueller est décédé mardi soir, à la suite d’un arrêt cardiaque, a annoncé le «GHI». Ce Genevois était à la tête du groupe SPG-Rytz (qui regroupe la Société privée de gérance et la régie vaudoise Rytz & Cie). Le départ soudain de celui qui était devenu un des plus gros acteurs du secteur immobilier en Suisse romande laisse le milieu sous le choc.
«Nous retiendrons l’image d’un homme extrêmement chaleureux et bienveillant qui s’engageait sans compter.»
Le secrétaire général de la Chambre genevoise immobilière (CGI), Christophe Aumeunier, indique que le comité de la CGI est bouleversé. «Thierry Barbier-Mueller s’investissait sans compter. Il a présidé la Chambre de 2007 à 2009 et a été membre du comité pendant de longues périodes. Il l’était d’ailleurs encore.»
Très ému, il glisse: «Nous retiendrons l’image d’un homme extrêmement chaleureux et bienveillant qui s’engageait sans compter. Il s’est notamment battu pour la défense de la propriété privée à Genève en apportant son énorme expertise et des réflexions toujours opportunes. Il avait la capacité à s’élever au-dessus du débat afin de chercher l’intérêt public des Genevois.»
Écologie et densification
L’ancien président du Conseil d’État Mark Muller a également côtoyé l’entrepreneur lorsque ce dernier était secrétaire général de la CGI. Il se souvient d’un homme actif, «très engagé dans le milieu associatif, que ce soit en ce qui concerne les conditions d’exercice des professions immobilières ou de manière générale dans la réflexion sur l’urbanisme et la construction».
Il relève son côté avant-gardiste et visionnaire. «De mon point de vue, c’était un intellectuel qui avait des réflexions très pointues sur un certain nombre de thématiques comme l’écologie. Il estimait que la densification du bâti était un moyen de préserver la nature.» Il s’était d’ailleurs opposé au déclassement des terres agricoles des Cherpines.
Ce grand propriétaire était pourtant un vrai libéral dans l’âme, relève le président du PLR Bertrand Reich, qui a eu l’occasion de travailler avec le promoteur à de nombreuses occasions. «Même si on s’opposait à des projets qu’il pouvait avoir, il était toujours intéressé à discuter. Il essayait de comprendre ce que voulait son interlocuteur afin de trouver une solution.»
Amour pour Genève
Le politicien ajoute: «Ce qui m’a toujours impressionné, c’était son amour pour Genève. Il aurait pu déménager pour être moins soumis au fisc par exemple, mais il aimait être ici et participer à la construction de notre canton. C’était un bâtisseur et un homme moralement élégant en toute circonstance.»
«Nous avons vraiment eu une magnifique collaboration. Thierry Barbier-Mueller avait un regard affûté, et une grande curiosité.»
Antonio Hodgers partage cet avis. «C’était un promoteur soucieux du développement territorial de Genève. Il était très attaché à ce canton et avait un réel souci de bien faire», confirme-t-il.
Père de cinq filles issues de deux mariages (dont un avec une des filles de l’ancien empereur centrafricain Bokassa), Thierry Barbier-Mueller est né en 1960. Fils de Monique et Jean Paul Barbier-Mueller – grand collectionneur d’art africain, qui a fondé le musée qui porte son nom –, ce cadet d’une fratrie de trois frères a fait des études à New York. Il a décroché un diplôme de broker dans les matières premières. C’est en 2000 qu’il succède à son père à la tête du groupe SPG-Rytz.
Passionné d’art contemporain
Dernièrement, le promoteur avait commencé à passer le relais à la génération suivante. Ses filles Marie et Valentine ont rejoint la direction de l’entreprise respectivement en 2016 et 2019. Dans un message adressé aux collaborateurs, ces dernières ont souligné «son énergie débordante, son état de mouvement continu, sa créativité multiforme et ses idées foisonnantes», a relevé le «GHI».
Parallèlement à ses activités professionnelles, Thierry Barbier-Mueller avait hérité de la passion familiale pour l’art. Au fil des ans, il a bâti l’une des plus grandes collections privées au monde de chaises d’artistes, de designers et d’architectes datant des années 1960 à aujourd’hui.
Pourtant, après des années de discrétion absolue, le collectionneur avait franchi le pas. Plus de 200 chaises sur les 650 que compte sa collection sont actuellement au cœur de l’exposition «A chair and you» qui se tient jusqu’au 26 février au Mudac de Lausanne.
Grande curiosité
La cocommissaire de l’exposition Susanne Hilpert Stuber indique que tout le Mudac est choqué et attristé par ce décès soudain. «Nous avons vraiment eu une magnifique collaboration. Thierry Barbier-Mueller avait un regard affûté et une grande curiosité.»
Elle ajoute que contrairement à d’autres, il ne collectionnait pas les noms des designers, mais des objets. «Ce qui primait pour lui c’était l’originalité, la manière dont le designer appréhendait la chaise comme un objet de recherche formelle, de matériau et de qualité esthétique. L’inventivité des artistes et designers ne cessait de le passionner. Il était très heureux du succès de cette exposition.»
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