Salles de spectacles et environnementThéâtres institutionnels unis sous l’étendard de la durabilité
Si toutes les salles genevoises sans exception se revendiquent sensibles à la question climatique, chacune adopte ses mesures en fonction de ses spécificités. L’exemple du Poche.

Avec l’inclusion et le langage épicène, l’empreinte carbone obsède les milieux théâtraux. À l’écoute des préoccupations sociétales, les directions des salles les plus modestes comme les plus prestigieuses rivalisent de mesures pour limiter leur impact écologique. Parce qu’il a dans ce sens baptisé sa saison «(Re)cycle», on a choisi, entre tous, de tendre le micro à Mathieu Bertholet, dirlo du Poche Genève.
Comment applique-t-on la notion de durabilité à un théâtre?
On l’élargit. Au Poche, économiser l’énergie dans un espace qui n’excède pas trois appartements ne représente pas grand-chose: on éteint les lumières, on trie les déchets et on baisse le chauffage, comme tout le monde. Nos véritables économies s’appliquent plutôt à ce qu’on fait, à savoir des spectacles.
On profite de la petitesse du lieu pour se montrer exemplaire en termes de durabilité sociale avant tout: engagement des acteurs – et des techniciens – sur la durée, exploitation d’une même scénographie sur plusieurs productions longtemps à l’affiche, avec des gens pour la transformer en cours de route… On préfère limiter la casse sociale qu’investir dans le matériel. Ailleurs, privilégier les reprises est aussi une bonne solution – ce sont les tournées qui, paradoxalement, ont un impact plus lourd.
Depuis quand êtes-vous attentif à ces questions?
À mon entrée en fonction il y a huit ans, l’urgence climatique n’était pas la même. En restreignant d’entrée de jeu la fabrication de multiples scénographies, je cherchais surtout à réaliser des économies sur le plan financier. Il s’avère que les deux tendances vont en général dans le même sens. En agissant pour l’écologie, on dépense moins, et vice versa.
Vos efforts concernent aussi votre site internet.
La dernière fois qu’il a fallu le mettre à jour avec nos webdesigners et notre graphiste, nous avons réfléchi à son impact environnemental, oui. Nous avons opté pour un site plus statique, avec des images moins lourdes et qui ne télécharge qu’une page à la fois.
Vous concertez-vous entre directeurs de salles sur les actions vertes à entreprendre?
Tout le monde s’engage à son échelle. Entre théâtres genevois, je dirais qu’on s’émule: si l’un réalise une étude d’experts, par exemple, les autres s’inspireront de ses conclusions. Chez nous, la tâche est facilitée par le fait qu’on a le contrôle sur tout, vu qu’on produit nos créations de A à Z. Or, on ne peut pas économiser sur les spectacles des autres, ce qui complique les choses pour ceux qui font des accueils. Plus on travaille local, mieux on peut agir. Et cela ne veut pas dire que l’on se coupe du monde: déplacer les artistes à Paris ou Berlin pèsera toujours moins que déplacer les spectacles.
Qu’en est-il de vos infrastructures?
Notre bâtiment n’a pas été analysé par la Ville. Et nos projecteurs consomment trop, c’est vrai, mais l’énergie propre représente un coût élevé. Il vaut mieux finir la vie des équipements, puis les remplacer judicieusement le moment venu.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.