Sorties cinéma«The Gray Man», vous le prendrez en salle ou en tablette?
Netflix sort sa superproduction avec Ryan Gosling, déjà sur quelques rares écrans. Marvel sort ses super stars animées pour les petits. Plan canicule.
«The Gray Man», ça cogne dans la référence

Avec humour, Ryan Gosling balance la sauce: «Je m’appelle Six, 007 était déjà pris.» Son autre blaze, «The Gray Man», recouvre plus de subtilités, cet agent secret évoluant dans une «zone grise» collant bien au matricule de cette superproduction à mater sur des supports hybrides – télé de salon ou grand écran.
Pour incarner cet agent tissé de références, Ryan Gosling a soigné ses pectoraux qui évoquent Stallone ou Schwarzie, se bricole une moue ironique à la Bruce Willis avec un cure-dent ,et s’active avec l’énergie d’un Tom Cruise. Plus jeune et plus grand que le «Maverick», c’est l’atout charme de cette affaire. Les frères Russo, forts d’avoir mis en scène plusieurs superhéros dans l’écurie Marvel, notamment un «Avengers» très réussi, piochent sans complexe bourrin dans les formules les plus efficaces du septième art ancien.
L’action dans «The Gray Man» voyage avec intensité dans les métropoles du monde, Vienne, Bangkok, Berlin, Los Angeles, etc., rappelant l’exotisme touristique pratiqué par l’agent 007. La collègue de Six est d’ailleurs interprétée très pro, pas sexy, genre néo-James Bond girl, par Ana de Armas, rescapée de «Mourir peut attendre». Par contre, ces gens n’ont aucun respect pour les vieilles pierres et démolissent le Prague cher aux espions Ethan Hunt ou Jason Bourne. «Regarde ce que tu me fais faire à un monument historique», accuse plus loin le méchant, rigolard. Gag, la castagne est prétendument situé à Zbrka en Croatie, alors qu’il s’agit du château de Chantilly en France. Passons.
Autre ingrédient, les cascades hors du commun, arme fatale de toute grosse artillerie hollywoodienne qui se respecte. L’agent Six dégomme un casino sur plusieurs étages, un gros-porteur aérien et quelques parachutes, une rame de tramway et autres obstacles inventifs. Ryan Gosling grimace, à peine des égratignures. En mercenaire engagé par la CIA pour ne pas se salir les doigts, l’acteur affiche un masque dégagé d’affect. Son seul point faible, c’est la nièce de son boss, une gamine cardiaque il est vrai. Mais la star de «La La Land» ou «Drive» connaît ses classiques, il a sans doute revu «Léon» et joue le pot de fleurs avec la séduction de Jean Reno.
En fait, la vraie carence du film, c’est le méchant malgré les efforts de Chris Evans gominé. Le bougre résiste durant plus de deux heures. À ce stade, les minutes des vues comptabilisées par «The Gray Man» ont déjà propulsé les patrons de Netflix au nirvana hollywoodien. Ah, dernier détail. Quelle était la mission de Six? Aucune importance. On verra ça au prochain épisode.
Note: ***
«Mi iubita mon amour», enterrement de vie de garçonne

Révélée par le «Portrait de la jeune fille en feu», Noémie Merlant surprend in fine tout le monde en passant derrière la caméra. Originellement sélectionné au Festival de Cannes 2021, ce premier long métrage s’inspire plus ou moins de la vie de l’actrice. D’ailleurs, lors d’une séquence de confidences au premier tiers du film, elle avoue être comédienne et parfois fatiguée de jouer. On aurait aimé qu’elle tire davantage parti de cette dimension, mais on se contentera de ça.
La voici donc au centre de son récit, dans le personnage de Jeanne, partie en virée en Roumanie avec des copines pour enterrer sa vie de jeune fille avant de se marier avec un homme qu’on verra à peine. Dans le feu d’une action dédiée au farniente, la bande fait halte de nuit dans une station-service. Elles y rencontrent deux garçons, Nino et son frère de 9 ans. Elles s’y font aussi voler leur véhicule et n’ont pas le choix que de suivre les deux garçons pour passer la nuit.
La passion amoureuse naissante entre Jeanne et Nino (Gimi-Nicolae Covaci est coscénariste du film) compte moins que cette immersion familiale pourtant attachante. Comme la plupart des passions, celle-ci va brûler les ailes des héros. Un essai tendre et réussi.
Note: **
«Krypto et les Super-Animaux», nos amies les super bêtes

À présent, les superhéros de l’univers DC se réinventent en animaux de compagnie. C’est ici le labrador de Superman, Krypto, qui forme une équipe d’animaux dotés de superpouvoirs pour délivrer la Justice League capturée par Lulu et Lex Luthor.
Tout cela n’est pas issu d’un scénario pondu à la va-vite par une équipe mensualisée pour l’affaire. Le comic «Legion of Super-Pets» existe bel et bien, en tout cas depuis 2017, et tous ses personnages animaliers sont apparus dans les comics d’autres superhéros, et cela depuis… 1962.
La force de marketing du film (en a-t-il une autre?) réside dans son casting de voix. En VO, on retrouve Dwayne Johnston, Keanu Reeves, Olivia Wilde, Natasha Lyonne et quelques autres comme Diego Luna. Sinon, on comprend pourquoi la Warner a renoncé à nous le montrer en séance de presse (à moins que je l’aie raté dans le planning), ce genre de produits se dérobant désormais totalement à tout développement critique.
On suppose l’animation passable, les personnages sympas et les gamins suppliant leurs parents de les y emmener. Next!
«Il Giardino del Re», qui trop embrasse…

Le Tessinois (mais à moitié Italien) Silvio Soldini tourne des films depuis quarante ans. Son œuvre reste pourtant particulièrement confidentielle et ses titres les plus connus se situent au tournant des années 2000, voire avant. «Un’anima divisa in due» avait été sélectionné à la Mostra de Venise en 1993, «Les acrobates» à Locarno en 1997, et son «Pane e tulipani», en 2000, avait même remporté un certain succès lors de son exploitation en salles.
Depuis trois ou quatre ans, on était sans nouvelles de lui (on n’en cherchait pas non plus), et son nouveau film, «Il Giardino del Re», surgit au cœur de l’été sans prévenir. Comme la plupart de ses autres métrages, il véhicule une mise en scène standard, une sorte de classicisme passe-partout, pas désagréable mais pas renversant non plus, tout en essayant de sortir des sentiers battus côté scénario.
Avocate au sein d’une importante multinationale, l’héroïne de ce film percute un jour, en scooter, un jeune homme. Celui-ci décède et elle remue ciel et terre pour connaître son identité et en savoir plus sur lui. Une enquête qui va, on s’en doute, remettre en question toute l’existence de la dame.
Il est ici question d’immigration, de traumatismes enfouis, de dérives sociétales. Dans le contexte d’une ville impersonnelle, Milan, ici filmée avec froideur, Soldini montre cette obsession et surtout comment elle rejaillit de manière implacable sur l’existence de son héroïne. Mais tout cela est un peu trop chargé et leste un film qui ploie sous les thèmes, les pistes et les bifurcations plus ou moins hasardeuses. Le début du film, cultivant une certaine ressemblance avec un polar, est indéniablement la partie la plus réussie. Après, on s’égare et on peine même à retrouver son chemin dans ce dédale. Ce n’est pas le plus abouti des Soldini.
Note: **
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