Tariq Ramadan a été acquitté par les juges genevois des accusations de viol portées contre lui. Faute de preuves suffisantes. Au bénéfice du doute. La presse française parle déjà de «tremblement de terre». C’est en tout cas une claque à la parole des femmes.
Pas question ici de remettre en cause les principes du droit qui font que le doute profite à l’accusé. Mais les juges ont-ils pris en compte le fait que, pour une femme, témoigner de telles violences n’est pas une formalité? Cette épreuve ne dit-elle rien de la sincérité d’une victime présumée? Les juges suisses n’ont par ailleurs pas voulu tenir compte du fait que, dans quatre autres plaintes en France, les récits sur les pratiques du prévenu se recoupent. À raison?
«Les juges ont-ils pris en compte le fait que, pour une femme, témoigner de telles violences n’est pas une formalité?»
L’acquittement de Tariq Ramadan est évidemment un soulagement pour l’islamologue. Et cette victoire judiciaire va, à n’en pas douter, susciter de vives réactions. Mais ce jugement n’est pas définitif. La partie plaignante a déclaré faire appel dès le verdict énoncé. Et d’autres procédures attendent l’islamologue en France, où la loi est beaucoup plus sévère qu’en Suisse dans les affaires de viol.
La justice a parlé. Reste que pour de nombreuses femmes, cette décision ne passe pas. La preuve du viol? Mais quelle preuve? Sinon d’aller se faire examiner dès le lendemain par un médecin! Pense-t-on qu’un tel traumatisme puisse faire place à une telle présence d’esprit? La plupart du temps, non. Le témoignage de la Genevoise dit les ambiguïtés, la sidération, la nécessité de se cacher la vérité à soi-même pour survivre à l’agression.
Tariq Ramadan n’est pas absous. D’autres rendez-vous judiciaires suivront. Face à ce lourd agenda, a-t-il seulement procédé à un examen de conscience, lui qui a prêché pendant tant d’années dans sa communauté?
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Justice genevoise – Tariq Ramadan acquitté: une claque au bénéfice du doute
L’islamologue a été absous faute de preuves suffisantes dans le procès pour viol d’une Genevoise. Le verdict va susciter de vives réactions. La plaignante a fait appel de la décision.