
Grand-Saconnex, 17 décembre
Notre vie politique vient d’être marquée par deux événements, révélateurs selon moi de l’insigne mauvaise foi de certains de nos représentants: le vote du budget et l’annulation du salaire minimum à Genève. L’an dernier, le budget prévu alors avec un déficit de moins de 300 millions, a été refusé, la droite ayant été mécontente que la majorité du Conseil d’État passe à gauche avec l’élection de Madame Fischer. Les sommes refusées ont heureusement pu être, par la suite, récupérées, en bonne partie grâce à la volte-face d’un parti en Commission des finances.
Cette année, ce même parti, par souci clientéliste, a d’emblée accepté le budget avec un déficit de 430 millions à la clé, il a même permis que ce déficit soit porté à 500 millions, en soutenant l’octroi de l’annuité à la fonction publique, qui avait pourtant accepté (accord avec le Conseil d’État) que cette annuité ne soit versée qu’ultérieurement, en cas de comptes positifs.
La droite ne voulait quant à elle pas accepter un budget qui présente un déficit supérieur à 300 millions (coût de la RFFA), ne tenant aucun compte des dépenses extraordinaires consenties en cette période troublée (exemple: accueil des Ukrainiens) ni de l’augmentation constante des charges, notamment des aides au logement et aux primes d’assurance maladie (pour celles-ci, plus de 600 millions cette année), alors que ces mêmes partis, via leurs puissants lobbies, ont refusé à Berne toutes les mesures d’économie ou d’ajustement proposées pour freiner les coûts, comme l’a déploré en particulier M. Berset pour la santé.
Et voilà maintenant que les représentants genevois de ces partis de droite ont sabré par leur vote le salaire minimum, ce qui entraînera encore des dépenses supplémentaires pour l’État, obligé de venir en aide à tous ces salariés dans l’incapacité de faire face au coût de la vie à Genève (les coiffeurs, par exemple, pourraient perdre près de 1000 fr. par mois). Et qui déplorera ensuite une nouvelle fois la prétendue crise des dépenses que connaîtrait Genève? Tant d’incurie et de mauvaise foi: au secours!
Jacques Morard
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Lettre du jour – Tant d’incurie et de mauvaise foi!