AsileTahir, terrifié à l’idée d’être renvoyé en Éthiopie
Cinq Éthiopiens n’ayant pas obtenu l’asile sont menacés de renvoi dans leur pays ce mercredi par vol spécial. De nombreuses personnes se mobilisent face à cette décision.

«Alors que l’Éthiopie est en proie à des violences indicibles, la Suisse affrète tranquillement un vol spécial vers Addis-Abeba», dénoncent les amis de Tahir dans un communiqué. Éthiopien de 34 ans arrivé à Genève en 2015, Tahir est «l’une des victimes de cette indignité», protestent ses amis. Diverses associations, dont Solidarité Tattes et 3ChêneAccueil, se mobilisent pour empêcher le vol prévu ce mercredi.
En détention administrative à Frambois depuis septembre, le trentenaire – qui vivait jusqu’alors au foyer de l’Hospice général à Anières – a entamé dimanche une grève de la faim et de la soif. «Il a déjà perdu beaucoup de poids! affirme son amie Julie Franck, enseignante en sciences politiques à l’Université de Genève. Il est terrifié par la perspective de retourner en Éthiopie, où il risque la prison ou pire. C’est quelqu’un de très droit, il n’a pas supporté qu’on lui propose 1000 francs pour rentrer chez lui. «Ma vie n’est pas à vendre», a-t-il répondu à la police!»
Accord secret?
Solomon, un compatriote de Tahir arrêté à Lausanne et qui a rejoint l’établissement pénitentiaire de Frambois dimanche, est menacé du même sort», poursuit l’universitaire. La Confédération considère que l’Éthiopie est un pays sûr pour les personnes renvoyées. L’Union européenne est parvenue à conclure un accord avec l’Éthiopie, qui s’est déclarée prête à l’étendre à la Suisse, s’est réjoui le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) en janvier 2019. https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-73698.html
«Il s’agit d’un accord secret sans valeur, proteste Julie Franck. Il n’est pas publié au Recueil officiel du droit fédéral.» L’association 3ChêneAccueil est choquée, déclare son secrétaire Loïck Levingston, «par ces méthodes inhumaines qui nous rappellent des heures sombres de notre histoire. Il faut tout mettre en œuvre pour que ces pratiques cessent».
En Éthiopie, la situation s’est fortement dégradée ces derniers mois avec le conflit armé en cours au Tigré. En raison de la précarité de la situation sécuritaire dans le pays, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et Amnesty International demandent qu’aucun retour forcé ne soit effectué vers l’Éthiopie. De son côté, le Département genevois de la sécurité, dirigé par Mauro Poggia, «ne commente pas les cas particuliers».
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