Swissaid dénonce l'opacité d'une fondation soutenue par Berne
L'ONG suisse s'oppose à ce que la question du génie génétique soit confiée à un organisme dirigé par l'ancien PDG de Nestlé.

Deux ONG, Swissaid et l'Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASAGG), sont montées au créneau, lundi, pour dénoncer le financement de la fondation Geneva Science and Diplomacy Anticipator, au titre de l'aide apportée à la Genève internationale.
Dans l'enveloppe de 100,8 millions de francs prévue pour la période 2020-2023 et soumise à adoption lundi, la Commission de politique extérieure du Conseil national a alloué trois millions de francs à cette nouvelle fondation. Lancée en février dernier, Geneva Science and Diplomacy Anticipator a pour but de renforcer le rôle de la Suisse dans le traitement des thématiques de la diplomatie multilatérale du XXIe siècle, ainsi que de rapprocher le monde scientifique du monde diplomatique.
Après plusieurs mois de consultations, Berne et Genève se sont entendus pour en confier les rênes à Peter Brabeck-Letmathe, ex-PDG de Nestlé, et Patrick Aebischer, ancien patron de l'EPFL. Le premier occupe le poste de président et le second celui de vice-président. C'est là que le bât blesse. En effet, dès le lancement du projet, la nomination de ces deux personnalités a fait grincer des dents, notamment du côté de Genève. Une fronde portée, entre autres, par le conseiller national socialiste genevois Carlo Sommaruga. Ce dernier a déploré ce choix en relevant que «Patrick Aebischer n'entretenait pas les meilleures relations avec le monde académique genevois» (notre édition du 20 juillet 2018). Aujourd'hui, il estime que «des clarifications supplémentaires et des garanties de la part du Conseil fédéral» sont nécessaires.
Le malaise est profond. La nouvelle fondation compte s'intéresser de très près à des thématiques telles que «les avancées de la génétique et leur impact sur les pratiques de la médecine et de l'agriculture». Voilà ce qui inquiète Swissaid et l'ASAGG, qui déplorent dans un communiqué le manque de transparence et de neutralité. «Avec deux anciens membres de Nestlé à la tête de cette nouvelle fondation (ndlr: Patrick Aebischer a été membre du conseil d'administration de Nestlé Health Science entre 2011 et 2015), un débat neutre sur les nouvelles technologies telles que le génie génétique est inconcevable», met en garde Céline Kohlprath, responsable du Département politique de développement à Swissaid. «Genève s'est fait une réputation mondiale dans la lutte contre la pauvreté. Pour être crédible, une telle fondation doit être dirigée par des chercheurs indépendants», explique-t-elle.
Les ONG craignent que la fondation ne privilégie la vision des multinationales et des intérêts économiques suisses plutôt que celle portée traditionnellement par les acteurs de la coopération et du développement. Une crainte qui fait écho aux annonces récentes du chef des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, qui a fait part de son souhait de réorienter l'aide au développement et utiliser l'argent pour servir davantage les intérêts de la Suisse.
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