Métier à revaloriserLes infirmiers pourront fournir des soins sans ordonnance
Sous la pression d’une initiative populaire, le parlement accorde de l’autonomie au personnel et des moyens pour la formation de la relève.

Des conditions de travail plus attractives et des salaires appropriés: telles sont les principales exigences de l’initiative populaire «Pour des soins infirmiers forts», déposée en 2017. Le personnel soignant, en première ligne pour faire face à la pandémie de coronavirus, attend depuis longtemps une réponse claire du monde politique suisse. Elle est tombée cette semaine, avec l’adoption d’un contre-projet indirect destiné à revaloriser la profession d’infirmier.
Réponse adéquate? Sophie Ley, présidente de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI), nous indique que le comité d’initiative ne décidera que fin juin s’il maintiendra ou retirera son texte.
Prérogatives étendues
La solution élaborée en conférence de conciliation a été approuvée ce vendredi par les deux Chambres. L’ultime divergence concernait la facturation par les infirmières et les infirmiers de certaines prestations sans prescription ou mandat d’un médecin. Elles seront prises en charge par les assurances maladie. «Pour la première fois, on prévoit d’ancrer le domaine infirmier autonome dans la LAMal», se félicite Sophie Ley, qui salue un succès important pour l’ASI.
Quels soins pourront être fournis sans ordonnance? Il appartiendra au Conseil fédéral d’en établir la liste précise. De leur côté, les prestataires de soins et les assureurs devront conclure une convention destinée à surveiller le marché. Ils prendront des mesures correctrices en cas d’explosion des coûts. Le gouvernement approuve cette solution, a relevé le ministre de la Santé Alain Berset.
Formation déficiente
Outre l’extension des compétences des infirmières et des infirmiers, ce contre-projet veut encourager la formation. Les Cantons verseront des contributions aux étudiants en soins infirmiers pour les aider à subvenir à leurs besoins durant leur cursus, mais aussi pour encourager l’accès à ces études. La Confédération les soutiendra financièrement, en allouant une enveloppe de 469 millions de francs pour huit ans. Les Cantons décideront des conditions et des montants des aides versées.
«Les besoins seront particulièrement importants dans les services d’aide et de soins à domicile, dans les cliniques de rééducation et dans les établissements médico-sociaux.»
L’ASI se réjouit de cet engagement, elle qui s’alarme du fait que la Suisse peine à recruter du personnel infirmier. Selon certaines estimations, 65’000 soignants manqueront d’ici à 2030. Les besoins seront particulièrement importants dans les services d’aide et de soins à domicile, dans les cliniques de rééducation et dans les établissements médico-sociaux.
«Occasion manquée»
En revanche, l’association regrette que le contre-projet ne s’empare pas du problème des nombreuses personnes qui quittent la profession. Pour Sophie Ley, c’est une occasion manquée. Les investissements prévus n’en valent la peine que si le personnel infirmier formé reste dans la profession grâce à de bonnes conditions de travail. «Plus de personnel dans les équipes et de meilleures conditions de travail sont des facteurs clés qui permettent aussi de garantir la sécurité des patients.»
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