Survivante du génocide arménien, Théolinda a encore peur cent ans après
La centenaire fait partie des très rares rescapés des massacres commis dans l'Empire ottoman à être encore en vie.

Le petit pavillon de Théolinda, en banlieue parisienne, semble faire la sieste en cet après-midi printanier. Dans sa cuisine, la vieille dame arménienne somnole, enveloppée par la chaleur du radiateur calé contre son fauteuil. L'arrivée de visiteurs la tire de son assoupissement pour la ramener un siècle en arrière. «On avait peur, toujours peur qu'ils viennent, on tremblait. Chaque jour, on se disait qu'ils allaient venir, ou alors demain. On vivait comme ça, sans savoir si on allait être tué. Quelle misère!» «Ils», ce sont les Turcs. La centenaire fouille dans ses souvenirs. Beaucoup se sont envolés. Mais cent ans après, la peur des «sauvages», elle, est restée.