Un centre de congrès où des centaines de professionnels applaudissent des financiers – le plus souvent des financières – proclamant leur «engagement». Cette semaine, à Genève, le sommet Building Bridges donne l’impression que le quartier des banques est parti pour sauver la planète. Personne n’en voudra au banquier Patrick Odier pour la bouffée d’air frais.
Sauf que. Si la finance se dit prête à rediriger des centaines – des milliers – de milliards vers les entreprises qui profiteront du passage à une économie pliée à l’impératif climatique, elle ne peut se substituer aux gouvernements. Qui devront édicter les lois mettant de l’ordre dans cette «transition» du système capitaliste, afin de lever les malentendus sur lesquels fleurit le greenwashing. Afin qu’un placement «durable» ne se limite pas à biffer trois mines de charbon d’une liste. Mais aille jusqu’à intégrer l’impact d’une entreprise sur la biodiversité.
«Si une autorité a choisi de boulonner un arsenal de règles en matière de finance durable, c’est l’Union européenne.»
Lundi, Philipp Hildebrand, ancien patron de la Banque nationale, a ainsi renvoyé la balle à la Confédération. Les masses d’argent pour financer la transition vers le zéro carbone sont bien là, a-t-il dit. Mais les obligations «fiduciaires» actuelles – ces commandements sanctifiant les fonds des clients – empêchent de les placer là où il le faudrait vraiment. Que ceux qui ont investi dans les énergies nouvelles en Afrique lèvent la main.
«Ne pas se faire trop d’illusions – le rejet des lois sur le CO₂, ou sur les multinationales responsables, a montré que, pour un gouvernement, il était tout sauf simple d’obtenir le soutien du peuple sur cette voie exigeante», tempère Antoine Mach, pionnier du secteur à la tête de Covalence. Point d’illusion non plus sur le rôle de Berne. Si une autorité a choisi de boulonner un arsenal de règles en matière de finance durable, c’est l’Union européenne.
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Éditorial – Surprise, la finance (durable) veut plus d’État
Au sommet Building Bridges, le financement de la transition climatique est sur la table. Mais rien ne se fera sans des lois… difficiles à adopter.