Encre bleueSur le fil d’avril

Les bons vieux dictons ne sont pas aussi ringards qu’on veut bien le croire aujourd’hui. Notamment celui-ci: «En avril, ne te découvre pas d’un fil, en mai, fais ce qu’il te plaît…»
Tiens, quand on y songe, l’observation est finalement pleine de bon sens, se dit-on en ce vendredi frais, devant les flocons qui tombent inlassablement du ciel. Comme tombent d’ailleurs les masques, les uns après les autres, dans les bus, les trains ou les mouettes genevoises…
Bon, la neige n’a pas tenu. C’était juste un clin d’œil du ciel pour ce 1er avril de farces et attrapes.
Mais les fils qui nous scient depuis si longtemps l’arrière des oreilles ne retiennent plus les masques couvrant nos museaux dans les transports publics. C’est la bonne nouvelle de ce 1er avril! Sauf si ces couvrantes à dominante blanche, abandonnées par des voyageurs soulagés, ne commencent à tapisser le sol, comme la neige en altitude…
Par esprit d’escalier, le verbe «scier» utilisé ci-dessus me fait penser à «cisailler» et à l’histoire que vient de me raconter mon cher dessinateur d’à côté, qui a l’art de se trouver dans de drôles de situations. C’est une histoire de vestiaires. Pas de foot, mais de piscine.
Après avoir fait ses longueurs de bassin, notre sportif s’en revient au vestiaire. Et là, que voit-il? Un maître-nageur, cisaille à la main, occupé à couper le cadenas d’un casier, sous le regard attentif d’un type en maillot de bain.
«Mais c’est le mien… c’est mon casier!» s’écrie celui qui sort de l’eau. Le cisailleur, un peu emprunté, suspend alors son geste, l’autre nageur se confond en excuses. Lui sort la clé de son cadenas. Le casier s’ouvre. C’était donc bien le sien. Ouf, il aurait pu se tromper…
Mais l’autre s’était-il vraiment trompé? Ou voulait-il plutôt piquer ses affaires? Cette affaire l’embrouille. Mais comme dirait un bon vieux dicton: «Suis le fil, tu atteindras le peloton…»
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