Revivez la conférence de presse de Thomas Pesquet«Devenir astronaute, ce n'est pas un concours de popularité!»
Le Français, qui a passé six mois dans l'espace, s'est exprimé depuis le Centre européen des astronautes à Cologne.
Notre couverture en direct de la conférence de presse est terminée. Merci à toutes et à tous de l'avoir suivie. Excellente journée et bon week-end.
Le temps accordé aux medias est fini, Pesquet doit filer faire d'autres tests médicaux. L'astronaute se lève, remet son masque et quitte la salle.
Dans l'espace, tout est minuté. «Le retour à la vie normale n'est pas simple. Se retrouver dans les embouteillages, faire son contrôle technique…»
Interrogé désormais par la presse internationale, Pesquet répète ce dont il se réjouit le plus: la liberté d'une pleine semaine sans rien à faire, du temps libre.
Interrogé sur les éventuels conflits dans l'espace. Comment les gérer? «Nous sommes des professionnels. Il y a parfois des envies différentes, il faut choisir. Mais je n'ai pas eu de crises à affronter.»
La liaison avec Cologne est momentanément coupée…
Plusieurs projets tablent sur l'envoi de personnes avec un handicap dans l'espace. «Une bonne chose, souligne Pesquet, qui souhaite un espace et des programmes inclusifs.»
Pesquet ne rêve pas beaucoup, il a des nuits noires. «Mais quand je rêvais sur l'ISS, on rêve en impesanteur et de l'impesanteur. On a fait des expériences sur le sommeil, nous étudierons tout ça.»
«Je n'ai pas changé mais le regard des gens oui. Je suis content d'inspirer du monde et tant mieux si des petites filles ou des petits garçons veulent se lancer, l'effet est positif. Mais on me croise au supermarché, on me reconnaît et on s'étonne que je fasse mes courses comme tout le monde.»
L'astronaute sera-t-il impliqué dans la sélection des futurs astronautes? «Il ne faut pas attendre que les astronautes soient partis pour leur trouver des remplaçants. Je suis content d'inspirer les gens qui se lancent dans les sélections. J'ai été impliqué dans la sélection en amont, je prépare le cadre. J'espère avoir l'occasion de participer aux entretiens. C'est important de pouvoir dire avec qui on partirait six mois dans l'espace. Devenir astronaute, ce n'est pas un concours de popularité! On ne prend pas les plus sympa. Il faut des soft skills.»
«Poser le pied sur la Lune… Si j'avais le choix, ce qui n'est pas le cas, je choisirais de poser le pied sur la Lune.»
Les pontes du spatial sont unanimes: Pesquet est un vrai pro. Où a-t-il progressé?
«Dans les sorties extravéhiculaires que j'ai dû dirigées, ça me donne une expérience qui me resservira. La deuxième fois, on est moins dans les manuels.»
Pesquet a dirigé l'équipage. «On ne fait pas la police, on est entre pros. On a accueilli une équipe russe qui tournait un film pour le cinéma. On ne savait pas à quoi s'attendre, devrait-on leur faire de la place? Nous laisseraient-ils travailler? On s'est mis d'accord, tout s'est bien passé.»
«Un jour, on a perdu le contrôle de la station. On a des procédures, la communication avec la Terre s'est bien passé et on a récupéré l'orientation rapidement. J'ai beaucoup appris.»
Pesquet a régalé Internet de clichés magnifiques. «Je faisais des timelapse d'aurores boréales et de vues de la Terre. Voir d'autres satellites, c'est compliqué. Il faut imaginer des balles de fusil qui se croisent, on ne voit pas beaucoup.»
Les séjours dans l'espace laissent des traces. «Nous serons contrôlés encore durant des mois. Je pense avoir déjà récupéré 80% de mes capacités mais le rééducation se poursuit.»
Pesquet est interrogé sur les risques sur la santé, en particulier pour de futures missions. «On étudie les radiations. L'eau, c'est une très bonne protection. Mais elle n'est pas facile à contrôler dans l'espace. Il faut aussi accepter le danger. Oui, il y a des dangers. La question, c'est l'accepte-t-on ou non?»
Blouson de l'ESA bleu aux manches blanches, Pesquet évoque le quotidien: «Comme dans une base polaire ou un sous-marin, on est très empêché dans nos mouvements. Quand on n'a rien à faire, c'est une prison avec une belle vue. Ce qui nous sauve, c'est le travail, on est occupé tout le temps, sans compter les photos pour les réseaux sociaux.»
«Le premier plaisir, c'est la douche. En arrivant, tout ce qui est mouvement de la tête, on a des vertiges. S'asseoir sur une chaise rend malade, on a des vertiges. On l'a fait très doucement, assis sur un tabouret.»
«Dans l'ISS, tous les liquides partent dans tous les sens. De retour, voir les gouttes couler dans le même sens, c'est surnaturel, on a l'impression d'être dans Matrix.»
«La rentrée atmosphérique, ça freine très très fort, on ressent 4,5 g, c'est pas le meilleur moment. Quand les parachutes s'ouvrent, on passe de 28'000 km/h à 8 mètres secondes, ça secoue. Avec Soyouz (Ndlr: première mission), l'atterrissage sur sol dur est violent, on tape fort et on roule, comme des tonneaux après un accident de voiture. Cette fois, on a amerri sur une mer d'huile, c'est plutôt doux.»
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