La femme qui offre refuge aux requérants sans toit
RéfugiésA l’heure où l’on place la crèche pour se remémorer le précaire logis de Joseph et Marie, Annie Lanz offre un toit aux réfugiés pour qui la Confédération n’a plus de place.

Ce dimanche après-midi, l’hiver est bien installé sur Bâle: froid, vent, pluie et neige sont au rendez-vous. Alors qu’elle passe par hasard aux abords du Centre d’enregistrement des requérants d’asile, Almut Rembges tombe sur une famille assise à même le sol.
Elle venait d’être refoulée. Le centre d’accueil de la Confédération était complet. Pour eux, plus de place, ont confirmé les agents de sécurité installés devant la porte bien gardée. Pas de gîte de secours non plus. Aucune solution en vue.
Via Doodle
Pour cette artiste de 37 ans, il est hors de question de laisser tout simplement une famille passer une nuit d’hiver dans la rue. Elle se met à la recherche d’amis et collègues pour trouver des solutions. «J’ai posté une invitation sur Doodle (ndlr: logiciel de planification de rendez-vous) et vingt personnes se sont annoncées spontanément».
Depuis, Almut Rembges patrouille aux environs du centre et recherche, si nécessaire, de nouveaux gîtes provisoires. Lundi dernier, elle a bien cru ne plus trouver de places supplémentaires. Mais après plusieurs e-mails et appels sur Facebook, elle a trouvé où dormir pour 25 personnes.
Parmi les gens qui ont offert le gîte, Anni Lanz, une militante des droits des migrants engagée et bien connue en Suisse alémanique. « Notre chambre d’amis est plutôt spacieuse », a expliqué l’hôtesse, qui a accueilli six Erythréens, trois femmes, deux enfants et un homme.
Pas même un matelas
Le lendemain, Anni Lanz s’est mise en rapport avec le directeur du Centre d’accueil bâlois. En vain : « Ils n’avaient plus un seul matelas », raconte-t-elle à newsnet/tagesanzeiger.ch. Elle a donc fait appel à un service de transports et aménagé son logement en conséquence.
Pour Anni Lanz, cette situation n’est pas exceptionnelle. Même retraitée, elle loge et nourrit régulièrement des gens dans le besoin. «Avec les Erythréens, nous avons fait les spaghetti Napoli». En plus, elle a pu pratiquer son anglais.
L’accueil fait partie de notre culture
A la question de savoir si elle n’est pas fâchée contre l’Etat, qui ne peut plus faire face à ses obligations, Anni Lanz «pense qu’effectivement l’Etat pourrait se montrer plus accueillant». Mais elle ajoute que «l’hospitalité ne peut lui être complètement déléguée: elle devrait faire partie de notre culture».
Les frais qu’elle encoure pour son aide ne la préoccupent pas. «J’ai mon AVS et ça suffit pour donner aussi quelque chose aux autres». Jamais elle n’a rencontré de problèmes avec les gens qu’elle abrite: «Ils ne s’en prennent pas à ceux qui les aident».
Renvois hypocrites
Anni Lanz ne comprend pas en revanche, que l’on renvoie des requérants déboutés en Italie, «là où il est clair que les conditions sont souvent pires qu’en Suisse». Il est «parfaitement hypocrite», selon elle, «de s’indigner du fait que certains requérants ne trouvent plus de toit en Suisse et d’accepter en même temps leur renvoi là où il n’y a plus rien, ni toit, ni à manger».
Aujourd’hui, la situation à Bâle s’est détendue, avec l’ouverture dans l’urgence des locaux de la protection civile de Pratteln. Il n’y a plus de requérants refoulés dans la rue. Mais Almut Rembges garde l’œil ouvert, au cas où.
(nxp)
Créé: 22.12.2011, 17h56
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