Succès total pour les 30 ans de l'Usine
Plus de trente heures durant, le centre culturel n'a pas fermé l'œil une seule seconde.
S'il fallait renouer avec l'esprit des lieux, retrouver cette forme d'exaltation mêlant la fête la plus débridée à la création artistique, alors ce week-end anniversaire a été une réussite pour ainsi dire sans précédents. Ou était-ce il y a si longtemps qu'on a failli oublier? L'Usine constitue une «bulle d'oxygène» en plein centre ville, un projet unique en son genre dont l'écosystème genevois ne peut se passer. La preuve en plus de trente heures de programme, délivrés de vendredi à dimanche pour les 30 ans de la maison.
Quand on arrive sur la place des Volontaires, d'abord. Des hauts parleurs quadrillent le parvis, crachant leurs décibels par tombereau, tandis qu'une foule danse sur les sons reggae dub. Ca n'a rien d'un bal champêtre. Si la place est noire de monde, comment l'expliquer autrement que par l'envie de déborder du cadre, de festoyer comme des fous. Ce même état de fête, plus loin, devient forain : sur les quais, le collectif nantais Toto Black a posé ses baraques en carton-pâte. Autre forme de cohue, toutes générations confondues, qui s'agglutine devant le jeu de force, la «machine à orgueil», l'impressionnante «mailloche». Une femme tombe son blouson de cuir, saisit l'énorme masse et frappe. Des flammes surgissent de la machine. La candidate avait bon muscle. Elle a gagné. «Un shot de gnôle !»
La suite se passe à l'intérieur. Au Rez, dans l'antre des concerts, un gars, immobile, triture en solitaire sa guitare. Vient ensuite une chanteuse, avec électronique et violoncelle. Celle-là, on la connaît bien : c'est Tout Bleu, c'est Simone Aubert, nouvelle figure adulée par le milieu alternatif. Et puis ces gens qui balancent des disques panarabes, des rythmes à vous décrocher le bassin ? Signé Gazouz.
On monte au Zoo ensuite : reggae. Les basses vibrent si fort que les poils s'hérissent. Chez Forde, en face, c'est tables et bar, plus installation minimaliste. Au cinéma Spoutnik, des clips musicaux étrangement sexy, des corps moulés d'or roulant leurs bedaine sur un groove funky. Au théâtre, enfin, après une série de performances («Samedi soir, partiarcat», rappe une femme en dentelle noire), tout finit avec un karaoké géant, l'assemblée hurlant les paroles à tue-tête.
Et de l'un à l'autre, des étages au rez, tout est ouvert, et tout ce monde circule, librement. Et ce grand tout fait sens, en 2019 comme en 1989. L'Usine est au centre de la ville tel un nœud culturel et social. L'Usine qui, trente ans après, semble prête à repartir pour un tour.
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