
Pregny-Chambésy, 12 février
La classe moyenne est-elle en train de disparaître, de mourir à petit feu? Oui, cette «classe sociale», qui constitue pourtant le véritable ciment de la démocratie, se ratatine sous les coups de boutoir conjugués d’une fiscalité vorace, des hausses des primes maladie, des loyers, du prix des énergies, etc.
La classe moyenne, c’est 48% de la population genevoise. Elle commence avec un revenu d’à peine plus de 100’000 francs annuels pour un couple avec deux enfants, ce qui n’est tout de même, a priori, pas rien! Alors que les classes plus défavorisées accèdent à toutes sortes de subventions, que les impôts des hauts revenus – très rentables – sont plafonnés, la classe moyenne est invitée à «se débrouiller» avec un pouvoir d’achat rogné par l’inflation.
Pas de quoi faire des économies pour régler les factures de dentistes, par exemple, dont on rappellera qu’elles sont encore entièrement à la charge du patient. Impossible d’accéder à la propriété, cette perspective s’est éloignée à toute vitesse pour la classe moyenne. Il ne servirait à rien d’augmenter le nombre de logements en PPE dans les projets immobiliers à venir, la classe moyenne ne pourra vraisemblablement pas se les offrir. Seule solution, avoir la chance de décrocher une place en coopérative d’habitation.
Ni riche, ni pauvre, la classe moyenne est menacée de déclassement social. C’est pourtant elle qui est historiquement porteuse de valeurs de justice et d’équité, convaincue que notre société doit permettre à chacun de se développer, et qu’accéder à une qualité de vie plus élevée au cours de son existence ne constitue pas une chimère.
L’éclatement de cette classe moyenne aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, a montré à quelle vitesse son effondrement pouvait venir grossir les rangs du populisme. L’affaissement des classes moyennes engendre mécaniquement un affaiblissement de la démocratie.
Même si la Suisse reste très privilégiée en comparaison internationale, faire partie de la classe moyenne signifie aujourd’hui plus d’insécurité qu’auparavant. Il est donc grand temps d’agir, prioritairement sur la fiscalité. Rendons les impôts sur le revenu moins progressifs pour la classe moyenne. Ce sera un bon début, avant de s’attaquer au calcul des primes d’assurance maladie. Corollaire de ces actions, il faudra que l’État devienne plus efficace et surtout moins gourmand.
Manuelle Pernoud, candidate Vert’libérale au Grand Conseil
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Lettre du jour – SOS classe moyenne!
L’éclatement de cette catégorie de population aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et en France, a montré à quelle vitesse il favorisait le populisme.